Il y a un an, le 11 décembre 2007, deux bombes explosaient à quelques minutes d'intervalle à Hydra et à Ben Aknoun. Des dizaines de morts et de blessés sont dénombrées au niveau du siège du Conseil constitutionnel et de celui de la représentation onusienne UNHCR. La première lecture se voulait être un message sur la prétendue capacité de frappe des ennemis du peuple. Depuis, la capitale n'a pas vécu d'actes criminels alors que certaines régions du pays continuent, particulièrement dans l'Est, à subir des incursions terroristes même si ces dernières sont de plus en plus moindres. Le recul de la violence terroriste dans la capitale n'est pourtant ni une trêve ni un pur hasard. Il n'est en fait que le fruit d'une stratégie adoptée par les corps de sécurité pour sécuriser Alger. Une stratégie basée sur une arme fiable : le renseignement. Tout “tuyau” a son importance et ne peut être négligé. Aussi minime qu'il soit, il est automatiquement répercuté vers tous les intervenants. Pour ce qui est du dispositif sécuritaire, il faut distinguer l'apparent ayant pour objectif de dissuader les candidats à l'opération terroriste sous toutes ses formes par les moyens humains et matériels, d'une part, et le non-apparent basé sur une activité discrète assurée par des hommes en civil, dotés de moyens pouvant détecter armes et explosifs, et de véhicules banalisés. La protection des édifices abritant les sièges des institutions étatiques obéit au système dit des ceintures matérialisées par des barrages périphériques se resserrant de plus en plus qu'on se rapproche du centre-ville. C'est ce qui explique les nombreux check-points se trouvant à l'est et à l'ouest d'Alger. À titre d'exemple, un véhicule venant de Bab Ezzouar ou de Aïn Benian doit subir quatre ou cinq contrôles avant de rejoindre le centre-ville. Le recours par les terroristes à l'usage de véhicules, notamment lors d'opérations kamikazes, a donné lieu à des contrôles stricts. Le véhicule suspecté est soumis d'abord au matériel de détection d'explosifs et de métaux spéciaux, ensuite à la vérification des documents dont l'historique est fiché. Dans le cas où ledit véhicule aurait subi plusieurs transactions, il est tout de suite repéré. Ce système doit son efficacité à la grande coordination entre les services des wilayas limitrophes d'Alger comme Boumerdès, Tizi Ouzou, Blida ou Tipasa. Au 5e étage de la Sûreté de wilaya d'Alger, l'activité prend une autre dimension. Des agents passent au crible les images que renvoient les caméras installées dans divers endroits de la capitale. C'est la salle des opérations. Tous les services d'urgence y convergent et on peut aisément scruter le Grand-Alger. Des caméras équipées de système à infrarouge fonctionnent 24h/24. Elles sont capables d'effectuer des zooms jusqu'à un centimètre carré. Par exemple, un automobiliste en infraction est immédiatement repéré en zoomant sur la plaque d'immatriculation de son véhicule. Les caméras ne servent pas uniquement à traquer des gens en infraction. Le système de télésurveillance permet, à partir de la salle des opérations, dès qu'un accident survient sur un axe routier, de donner l'alerte pour la Protection civile. Ces appareils sont quelque fois téléguidés, ce qui permet d'orienter les agents de sécurité vers les endroits où des délits ou incidents sont observés. C'est d'ailleurs grâce à cette télésurveillance que la petite criminalité a sensiblement baissé à Alger. Des cas sont relatés sur la rapidité des policiers pour arrêter un malfaiteur repéré par les caméras en flagrant délit. Pour la précision, une caméra peut couvrir plusieurs quartiers d'Alger en même temps. À titre d'exemple, le périmètre allant de la Grande-Poste à la place des Martyrs en passant par les boulevards Zighoud-Youcef, Che-Guevara ainsi que la Gare centrale et les édifices des institutions publiques est scruté en quelques secondes. Les essais qui se sont avérés concluants ont encouragé la DGSN à intensifier la vidéosurveillance, chose qui a démontré son efficacité lors de la tenue du sommet arabe en 2005. La DGSN pense au projet d'un plus grand siège de la salle des opérations et de généraliser ce procédé aux grandes villes et autres wilayas de l'intérieur du pays. La couverture du Grand-Alger nécessite 400 caméras environ. A. F.