Le gouvernement annonce la livraison de plus de 300 000 logements à fin mars 2009. La demande sur le logement reste forte, en dépit du lancement d'un programme de un million de logements. Sur uniquement le programme AADL, 300 000 demandes restent en attente. L'augmentation des dépenses d'investissement public en faveur du logement n'a pas réussi à inverser la tendance. Une tension forte sur le logement persiste. Le rythme de réalisation est certes passé de 130 000 logements à 200 000 logements achevés par an. Mais la demande est estimée à 250 000 logements par an. La demande dépasse donc l'offre. Le gouvernement annonce cependant la livraison de plus de 300 000 logements à fin mars 2009. Mais n'oublions pas que la moitié de ce programme est constituée de logements ruraux. Or, le dernier recensement constate une grande concentration de la population dans les zones urbaines. C'est dans les grandes villes que se concentre la demande en logements. Plusieurs facteurs expliquent l'incapacité à répondre aux besoins. D'abord, le rythme de réalisation. Il a été accéléré par l'implication de plus de 250 000 entreprises privées dans le programme de réalisation de logements. Mais les délais restent longs, par rapport aux standards internationaux. En l'occurrence, pour le programme AADL, les délais étaient fixés à 18 mois, il a fallu en moyenne plus de 24 mois à l'entreprise chinoise CSCEC pour réaliser ses lots. Sur un portefeuille de 50 000 logements, elle a réalisé plus de 25 000 unités. Une meilleure productivité est enregistrée chez les travailleurs chinois, par rapport aux salariés de la plupart des entreprises locales. Le logement est de meilleure qualité. Mais nombre de bénéficiaires ont eu à constater maintes malfaçons (dans l'isolation, l'agencement des éléments de construction). Ce qui dénote un insuffisant suivi et contrôle des travaux. Entreprises chinoises : meilleure productivité, mais avec des malfaçons Les méthodes de construction, même si elles sont meilleures chez les entreprises chinoises, sont dépassées. On fait, aujourd'hui, appel à l'industrialisation du logement pour accélérer la cadence. Et à une meilleure organisation du chantier. Par ailleurs, les entreprises de taille, capables de réaliser des milliers de logements, voire 10 000 logements, se comptent sur les doigts d'une seule main. Le programme de l'AADL a d'ailleurs enregistré la défaillance de nombre d'entreprises publiques connues sur la place. D'autres contraintes sont à l'origine des retards dans la réalisation : la pénurie de terrains constructibles, le choix de terrains constructibles difficiles, la qualité des études, les matériaux de construction, les travaux de viabilisation, l'absence de main-d'œuvre qualifiée… Le programme de construction de 65 000 logements sous la formule location-vente a connu, par exemple, un grand retard en raison de l'absence de terrains disponibles. Concernant les questions de coût, le prix du logement est passé de 2 millions de dinars, à 2,5 millions de dinars pour se situer aujourd'hui à 2,8 et 3 millions de dinars. On est loin du F3 et du F4 AADL cédé à 1,4 et 1,7 millions de dinars en 2004-2005. L'augmentation des coûts rend prohibitif aujourd'hui l'accès au logement pour des millions d'Algériens. La poursuite des financements publics au logement, le maintien de l'aide pour l'accès au logement social participatif, voire sa révision à la hausse pourraient réduire le nombre de postulants de manière sensible. En matière d'esthétique, c'est la loi de la quantité. Combien de cités sont construites aujourd'hui en violation des règles de qualité, faute de recours à des architectes qualifiés. La planification fait défaut. Des milliers de logements sont réalisés sans que soient prévus les équipements d'accompagnement : centres culturels, voire bibliothèques, espaces scolaires en nombre suffisant… En conclusion, l'état continuera à mettre “le paquet” dans le logement. Mais il faudra aller vers des solutions pour solvabiliser la demande, pour débureaucratiser l'accès au logement, mettre à niveau et renforcer les entreprises locales du BTP. Accélérer les délais de réalisation du logement veut dire également industrialiser le bâtiment. K. R.