Il est attendu la réception de grands projets améliorant les conditions de vie de millions d'Algériens. Mais l'effort colossal d'investissement public sans précédent depuis l'Indépendance masque un énorme gaspillage de ressources financières. La plus grande récolte des fruits de la mise en œuvre du plan de relance aura lieu en 2009. De grands projets seront achevés pour cette nouvelle année dans les secteurs de l'eau, des transports, des travaux publics et de l'énergie. Premier mégaprojet, le Mao, ce chantier de transfert d'eau sera livré avec comme impact l'amélioration de l'approvisionnement en eau des villes d'Oran et de Mostaganem. Béjaïa profitera également de l'achèvement de l'adduction à partir du barrage de Tichy Haf. Skikda verra la station de dessalement venir renforcer et améliorer la distribution d'eau dans la wilaya. La sécurité de l'approvisionnement en eau de la capitale sera renforcée avec la réception du barrage de Douéra. Pour le transport, la région Centre bénéficiera des retombées du plan de relance. Des trains beaucoup plus rapides desserviront Boumerdès et Boumedfaâ à partir de la capitale, profitant au passage aux populations des banlieues et des agglomérations limitrophes d'Alger. Le métro d'Alger sera enfin livré. Ce qui assurera plus de fluidité dans la circulation dans une partie d'Alger. Pour les travaux publics, il est attendu la livraison de la rocade Zéralda-Boudouaou qui soulagera la rocade sud. Les premiers tronçons de l'autoroute Est-Ouest seront livrés cette année. Par exemple, se déplacer d'Alger jusqu'à Chlef prendra beaucoup moins de temps. Pour le logement, le gouvernement a annoncé la livraison de plus 250 000 logements à fin septembre 2009. Le gros du restant du programme AADL sera achevé la même année. La gazéification du pays sera plus avancée avec l'introduction du gaz chez des milliers d'Algériens. En matière d'emploi, le chantier de réalisation de 100 locaux par commune sera plus avancé avec la création d'emplois pour des dizaines de milliers de jeunes. Le nouveau dispositif de création d'emplois commencera à porter ses fruits grâce aux incitations accordées aux entreprises. La création de 20 000 petites et moyennes entreprises est attendue à fin mars 2009. Il est prévu une croissance hors hydrocarbures de 6% en 2009, soutenue par les dépenses d'investissements inhérents au plan de relance. L'année 2009 sera donc marquée par l'achèvement du plan quinquennal de relance, doté d'une enveloppe de 180 milliards de dollars. Beaucoup de réalisations seront achevées, améliorant les conditions de vie de millions d'Algériens. Mais ces investissements sans précédent depuis 1962 masquent un énorme gaspillage d'argent. L'Algérie consacre 30% de son PIB par an à l'investissement pour ne récolter que 6% de croissance hors hydrocarbures en 2007 et 2008, relève un économiste algérien. Sur 100 dinars investis, combien de dinars ont été perdus dans le non-respect des délais de réalisation, les mauvais choix d'études et d'entreprises entraînant des réévaluations, les surfacturations dans les contrats ? Jusqu'à présent, les pouvoirs publics se sont montrés avares sur ces chiffres, dénotant une absence de transparence dans l'usage de l'argent public, reflétant une situation d'un pays fort éloigné des règles d'un Etat de droit. À un an de l'achèvement de ce plan de relance, force est de constater qu'en dépit de cet effort colossal, l'accès au logement et à l'emploi en particulier reste difficile pour des millions d'Algériens, faute d'une administration flexible et au service des citoyens. Il ne suffit pas de livrer des logements. Encore faut-il que ces logements soit attribués à ceux qui en ont le plus besoin. La démarche quantitative aura prévalu. Il ne faut pas oublier que nombre de constructions, logements ou ouvrages scolaires et universitaires ont été édifiés sans respect des règles d'esthétique, pour la simple raison que les professionnels n'ont pas été associés. Tirer les leçons de ces plans quinquennaux, c'est, entre autres, introduire l'approche qualitative dans la réalisation de la quantité de logements et d'infrastructures prévus au cours des cinq prochaines années. K. R.