Les cours des cinq oueds qui traversent la ville de Bordj Bou-Arréridj ont été soit déviés soit obstrués par un urbanisme non respectueux des règles fondamentales de prévention et de sécurité. Un éventuel réveil des oueds menacera, directement, 14 quartiers de la ville, soit l'essentiel du tissu urbain. En cas de forte crue, ils pourraient submerger toute une région de la ville qui commence à l'entrée nord de la ville, du côté de djebel Maryssane, comprenant le lotissement Nouioua, Lagraphe, les cités des Chouhada, du 8-Mai-45 et le nouveau quartier des affaires en passant par le souk quotidien de Boumezrague, pour finir dans les quartiers qui entourent son exutoire autour des boulevards Abdelkader-El Bariki et le faubourg, soit le centre-ville. Effarant ! Mais théoriquement probable, comme ce fut le cas en 1994. À voir le mince filet d'eau qui court dans son lit, aujourd'hui, rien ne présage ce qui pourrait advenir des quartiers d'habitation en cas de crue. La dernière en date a causé des dommages importants et ne remonte pas à bien longtemps. Si elle n'a pas été dévastatrice, le danger est bien présent et comme on dit, il n'est de pire eau que l'eau qui dort. L'oued Bordj Bou-Arréridj a, en effet, frappé, dans la nuit du 23 au 24 septembre 1994, entre 17h et 3h du matin. Les eaux avaient inondé plusieurs habitations, le CPFA de Lagraphe, la salle de sport, l'école primaire, la crèche, le souk, l'ancien siège de l'exécutif et, bien entendu, les quartiers avoisinants. À cette date de triste mémoire, ces inondations se sont soldées par un bilan de 17 morts et 1 000 sinistrés, dont 370 commerçants ruinés. Les pertes ont été évaluées à 25 milliards de centimes. Mais les dommages subis par la ville ne devaient rien à l'oued Bordj Bou-ArrEridj et étaient dus essentiellement aux fortes précipitations et à l'insuffisance du réseau d'assainissement et d'évacuation. Le tout conjugué à l'inconscience humaine qui règne dans la ville, léguée au fil des ans par une urbanisation anarchique et démesurée. Pour revenir à l'oued Bordj Bou-Arréridj, son éventuel réveil menace la ville pour plusieurs raisons. L'occupation du sol se situe en plein dans le lit majeur de l'oued. Depuis 1962 jusqu'à 1978, des citoyens ont réussi à construire dans le lit de l'oued Maryssane. Et plus grave encore, il y a eu de cela 23 ans, l'oued a été recouvert extérieurement de dalles par les services de l'APC de l'époque, qui croyaient, en toute naïveté, protéger ainsi les riverains des crues des eaux. Si le cours de l'oued n'a pas changé depuis la nuit des temps, la ville est venue s'installer insolemment en travers de son chemin. Bordj Bou-Arréridj, on le voit bien, s'étend en travers de son exutoire comme en témoigne l'ancienne ville, construite à la hauteur de son cours. Plusieurs points noirs persistent dans toute la ville, pas moins de 5 000 habitations et plusieurs édifices publics restent menacés. En tout état de cause, les autorités locales doivent, en premier lieu, désengorger le lit de l'oued qui, actuellement, est obstrué de cadavres de bestiaux, de carcasses de voitures et de toutes sortes d'objets hétéroclites qui favoriseront le débordement de l'oued. Notons qu'un plan Orsec et un dispositif de veille et d'alerte ont été mis en place par la Protection civile de la wilaya de Bordj Bou-Arréridj. Chabane Bouarissa