La réunion extraordinaire de l'Opep, qui va se dérouler aujourd'hui et demain à Oran, revêt un caractère des plus importants pour le cartel qui doit impérativement déboucher sur un consensus pour une réduction conséquente de la production de pétrole afin de soutenir les prix du baril. La crise des marchés financiers et l'entrée en récession confirmée de plusieurs pays occidentaux ont, depuis le mois de juillet, affecté les cours mondiaux du pétrole provoquant pour l'Algérie une baisse des recettes pétrolières de l'ordre de 5 milliards de dollars en l'espace de six mois. Arriver à une régulation des marchés pétroliers par une baisse effective de la production — le ministre iranien du Pétrole, M. Gholam Hossein Nozari, ayant déjà fixé cette réduction aux alentours de 1,5 à 2 millions de barils jour — s'impose désormais non seulement aux pays membres de l'Opep, mais également aux autres pays producteurs non membres de l'Organisation. Un signe fort serait ainsi donné aux marchés mondiaux pétroliers. C'est aussi cet enjeu qui se dessine pour cette réunion extraordinaire de l'Opep que se prépare à accueillir la capitale de l'Ouest. Les médias étrangers ne se trompent pas quant au caractère important de cette réunion, puisque pas moins d'une centaine de journalistes représentant des organes de presse internationale couvriront l'événement, ainsi que les médias algériens, soit en tout quelque 200 journalistes et autres spécialistes qui sont, en effet, attendus à Oran. D'ailleurs, l'ensemble des hôtels de la capitale de l'Ouest affichent complet jusqu'à la fin de la semaine, d'autant plus que la réunion de l'Opep coïncide avec la visite du président Bouteflika à Oran. Il serait question que celui-ci assiste à l'ouverture des travaux le 17 décembre au Sheraton, accentuant encore plus le caractère exceptionnel de l'évènement. Quant à la ville d'Oran, l'accélération des travaux d'embellissement a atteint son paroxysme depuis quelques jours ; rien n'est laissé au hasard sur les voies que devront emprunter les délégations. Les principaux ronds-points ont été relookés par la Sonatrach qui a pris en charge financièrement ces opérations. Les nids-de-poule des principales chaussées de la ville sont rebouchés, les arbres taillés et les décharges sauvages débarrassées. Les habitants des quartiers sensibles de la ville qui sont envahis par la boue et les eaux de pluie, à chaque précipitation, n'ont pas de mots assez durs pour faire remarquer que les fonds publics, qui vont se raréfier justement avec la crise, ne sont que trop rarement utilisés ou si mal, pour améliorer leur cadre de vie, qui se détériore d'année en année, ou pour soutenir les couches de la population les plus défavorisées. Les citoyens d'Oran, qui suivent de loin cette agitation, n'en pensent pas moins. Des universitaires s'inquiètent, par contre, des retombées économiques de la chute des cours du pétrole, avec le risque de voir que certains projets structurants, pour la ville d'Oran, et financés par le Trésor public peuvent être abandonnés. Mais d'aucuns suivront de loin la réunion extraordinaire de l'Opep, pour laquelle des mesures de sécurité exceptionnelles ont été mises en place depuis plusieurs jours déjà. Quant au programme de la rencontre, on nous annonce que les 12 pays membres de l'Opep, après le retrait de l'Indonésie en tant que pays exportateur, vont se retrouver pour une séance plénière le 17, c'est-à-dire au lendemain de la réunion du comité de suivi du marché qui tiendra une séance de travail à huis clos. Par ailleurs, plusieurs délégations de pays producteurs de pétrole non membres de l'Opep, comme l'a confirmé récemment M. Chakib Khelil, président en exercice de l'Opep, assisteront à la rencontre d'Oran. Parmi ces pays présents en tant qu'observateurs figurent l'Azerbaïdjan, pour la première fois, Oman, la Syrie et la Russie qui sera représentée par son vice-Premier ministre et son ministre de l'Energie. La présence de la délégation russe après les propos du président Dimitri Medvedev, qui laisse entendre que son pays pourrait adhérer à l'Opep, est là aussi un volet politique des plus importants. La Russie affichant ainsi sa volonté de devenir un acteur incontournable sur la scène internationale, tant au plan politique qu'économique, et cela au moment où les USA plongent dans la récession et sont doublement fragilisés par la politique étrangère de son président sortant. Djamila Loukil