La participation de la Russie pourrait déboucher sur une adhésion de ce pays à l'organisation, du moins à une plus grande solidarité avec les décisions de l'Opep. Les regards du monde seront braqués demain sur Oran. En effet, dans la capitale économique de l'Ouest algérien se tiendra une rencontre ministérielle cruciale qui pourra décider de l'évolution des cours du pétrole au cours de l'année 2009. Plantons le décor. L'inquiétude a gagné les pays producteurs de brut comme l'Algérie qui ont vu les prix du pétrole tomber de 147 dollars en juillet à 40 dollars aujourd'hui. Cette chute des prix du pétrole a entraîné un manque à gagner de 5 milliards de dollars pour le pays en 2008 et cela en seulement quelques mois. On pourrait s'attendre au pire l'an prochain. C'est que depuis septembre, la maîtrise des cours du pétrole échappe à l'Opep qui détient 40% du marché. La crise financière mondiale, s'étant accentuée au cours de l'automne, a entraîné une situation de récession dans les grands pays consommateurs, en particulier aux Etats-Unis et en Europe. Cette baisse d'activité économique a eu pour effet d'entraîner une diminution de la demande sur le pétrole et partant d'enclencher une chute importante des prix du pétrole. Comme dans les chocs pétroliers de 86 et 98, la réponse de l'Opep a été molle. La décision de baisse de production applicable à partir de novembre dernier n'a pas eu de répercussions sur les prix. Le niveau de la réduction et son application non systématique ont semé le doute. Les marchés n'ont pas réagi. Il s'agit donc d'inverser la tendance. L'Opep doit donner un signal très fort, à l'issue de la réunion d'Oran. D'une part, elle doit retirer du marché au moins 1,5 à 2 millions de barils/jour. D'autre part, elle doit afficher une grande discipline en appliquant scrupuleusement la décision de réduction du plafond de production. Cette décision pourrait être appuyée par un geste de la Russie. Touchée par la crise et risquant une aggravation plus importante de sa situation économique, cette dernière a dépêché son vice-Premier ministre et son ministre de l'Energie à Oran. Si elle s'associe à la décision de l'Opep en réduisant sa production, elle renforcera la décision de l'Opep. Les marchés seraient enclins à réagir. On pourrait s'attendre à une remontée significative des prix du pétrole l'an prochain. Déjà, les prix du pétrole étaient cotés hier à 50 dollars à New York, anticipant cette importante baisse de production La Russie pourrait aller plus loin et adhérer à l'Opep. Ce qui pourrait “paniquer” les grands pays consommateurs. L'organisation aurait alors plus de poids avec 50% du marché. Mais il faudrait être attentif à la position de l'Arabie Saoudite, le membre le plus influent de l'Opep. Le premier producteur et exportateur de pétrole dans le monde est pris entre deux feux. Il est favorable à une augmentation des prix de pétrole. Il doit également veiller à ne pas alimenter la crise financière mondiale avec des prix insoutenables pour des économies malades en Europe et en Amérique du Nord. Il subira cette fois-ci une vive pression des pays comme l'Iran, la Libye et le Venezuela. N'oublions pas que la rencontre de l'Opep se situe à quelques mois d'une traditionnelle baisse de la demande à la fin de l'hiver. Il faudra un signal très fort au marché. Mais aussi bien ajuster l'offre à la demande, le temps que les plans de relance aux Etats-Unis en Europe prennent leurs effets. Beaucoup d'incertitudes pèsent cependant. Quelle sera la durée de la crise financière mondiale ? Quelle sera son ampleur ? Personne ne le sait aujourd'hui. Ce qui est sûr et c'est là que les pays occidentaux devront se faire une raison. Avec les prix actuels des prix du pétrole, les investissements dans le développement de nouvelles capacités de pétrole vont fléchir. Il faudra alors s'attendre dans trois ans à une pénurie de brut. Les prix pourraient alors atteindre 200 dollars, voire 300 dollars, d'où la recherche d'un nécessaire équilibre d'intérêts entre pays producteurs et consommateurs. Enfin, Oran pourrait entrer dans l'histoire de l'industrie pétrolière si la Russie venait à adhérer à l'Opep. La présence en force de la presse internationale n'est pas fortuite. On pourrait s'attendre à un surprenant renforcement de l'organisation. K. Remouche