Le président Bouteflika, qui vient d'être réélu à la tête de l'Etat, en attendant la confirmation des résultats par le Conseil constitutionnel, sera notamment très attendu sur le plan économique. Le candidat, durant la campagne, avait fait beaucoup de promesses. M. Abdelaziz Bouteflika avait déjà annoncé qu'il mettra, encore une fois, à la disposition des entreprises un plan de charge estimé à 150 milliards de dinars. Développement des infrastructures de transport terrestre, parachèvement de la modernisation de l'exploitation des ports, développement de la pétrochimie, de l'exploitation minière, ainsi que la promotion des énergies nouvelles, autant de promesses inscrites dans le programme électoral du président Bouteflika. Pour autant la crise économique mondiale invite à la prudence dans la gestion des ressources que notre pays a pu accumuler durant les années écoulées, et qui lui permettront d'éviter de subir une nouvelle fois l'arrêt ou le ralentissement de son élan de construction nationale. La crise internationale invite également à plus d'efforts dans la lutte contre toute forme de gaspillage de la ressource publique. Mais la troisième mandature, pour paraphraser, l'économiste Abdelmadjid Bouzidi “sera jugée dans le domaine économique, à l'aune des trois défis que l'Etat a à relever : renouer avec notre ambition industrielle en tenant compte des nouveaux contextes national et international, construire une économie de services qui fait cruellement défaut, faire émerger une économie fondée sur la connaissance qui fait du progrès technique le facteur-clé de la croissance”. La plupart des observateurs de l'économie algérienne considèrent que l'absence d'une politique publique efficace et déterminée de soutien à l'offre a été l'une des causes principales de la croissance molle réalisée, en dépit de l'ampleur des ressources engagées. L'économie algérienne est encore plus dépendante des hydrocarbures qu'elle ne l'était dans les années 1970 : 30% du PIB en 1970 ; 50% en 2008. En dépit d'injection de sommes considérables, l'économie algérienne, hors hydrocarbures se porte toujours mal. Le produit industriel à prix constant en 2007 est quasi le même qu'en 1983. La part du secteur des hydrocarbures dans la production de la richesse nationale est passée de 33% en 2002 à 55% en 2008. Les moteurs de la croissance sont également le secteur de la construction impulsés par les dépenses publiques. Les exportations hors hydrocarbures, dont la moitié est d'ailleurs constituée de dérivés des hydrocarbures, ne couvrent que 11 jours d'importations. La croissance de l'économie, les revenus de l'Etat et la capacité d'épargne du pays sont très dépendants du secteur des hydrocarbures. La perspective d'une économie algérienne émergente ne devrait pas se traduire seulement par la réalisation d'un programme d'investissements aussi massifs soient-ils. Les problèmes structurels de son système d'organisation sont toujours présents et commandent un traitement sur le fond. Le plus grand danger qui guette aujourd'hui notre pays est celui d'avoir à consommer des ressources rares, fruit de ses richesses naturelles et non du travail de ses enfants, sans créer les conditions de leur renouvellement au bénéfice des générations futures. Le développement ne s'assimile pas à une consommation de crédits budgétaires, de même qu'il n'est pas une résultante mécanique de quelques transformations dans l'organisation de l'économie. Il faut souligner ici le besoin d'une véritable démarche de développement économique centrée sur l'entreprise, qui se donne pour objectifs affichés la réhabilitation du travail, la construction d'un système performant de production de biens et de services, moins dépendants des exportations d'hydrocarbures. L'urgence, aujourd'hui, est de dynamiser l'activité économique capable de produire des recettes fiscales ordinaires supplémentaires pour faire face à l'affaissement des recettes fiscales pétrolières. D'autant que le Premier ministre lui-même a annoncé que dès 2030 la production pétrolière nationale connaîtra un recul considérable. En parallèle, il y aura 40 millions d'Algériens en 2020, peut-être plus. “Privilégier les dépenses en vue d'améliorer qualitativement les qualifications humaines, moderniser le management institutionnel et orienter les ressources vers la création d'un tissu de PME/PMI moderne tout en finançant les réussites”, c'est ce que suggère le professeur Lamiri, P-DG de l'Insim. Les opérateurs économiques, par ailleurs, demandent un véritable plan de relance pour le PMI, un soutien plus marqué aux exportateurs et plus de facilités et de soutien pour les investisseurs. En tout état de cause, les difficultés résident dans la capacité et la volonté politique de construire une économie productive au détriment de celle qui ne fait que consolider et élargir les accès à la rente au profit des lobbies devenus très puissants.