La commune historique d'Ifri-Awzelaguen, qui avait accueilli un certain 20 août 1956 le congrès de la Soummam, va mal : face aux énormes besoins de sa population estimée à plus de vingt-trois mille âmes, les financements publics virent dramatiquement au rouge. Le P/APC, Rachid Beldjoudi, ne cache plus son impatience de voir enfin sa commune récupérer une assiette foncière de sept hectares située à la sortie nord-est en direction de Béjaïa. Des démarches administratives sont en cours auprès de l'administration domaniale. Une fois récupérée, la municipalité compte faire y implanter une zone d'activité susceptible d'attirer les PME et lancer, du coup, des logements sociaux. “Les choses avancent. Je suis optimiste”, lâche le P/APC. Le foncier étant une denrée rare ici, comme partout ailleurs en Kabylie, l'investissement public reste tragiquement insignifiant : la petite et toute nouvelle zone d'activité de Hellouane accueille certes, les enseignes Ifri et Star (boissons), ainsi que Astaldi (travaux publics), mais elle est loin de résorber le chômage galopant. Près de mille cinq cents personnes y travaillent, mais combien sont-ils parmi les jeunes à raser les murs ? Ici, personne ne croit aux statistiques officielles de l'emploi. Une bonne nouvelle tout de même : “Danone est en cours d'implantation”, révèle le P/APC. La société française promet de créer quatre cents emplois. Dans la foulée, une entreprise de travaux publics vient de décrocher un terrain pour pouvoir procéder à une extension de son unité. La commune, dont le budget primitif 2008 n'excède pas onze milliards de centimes, espère tirer profit du plan quinquennal 2010-2014, annoncé par l'APW. “Hormis l'extension et la rénovation du Musée Ifri, qui est acquise, rien n'est encore tranché”, dit le P/APC. Une opération frappée par le sceau d'urgence est inscrite sur l'agenda de l'APC : elle porte sur l'aménagement de oued Ighzer-Amokrane. Au chapitre de l'habitat, les besoins sont énormes mais l'offre a été des plus insignifiantes : la commune n'a vu réaliser que cinq cent cinquante logements depuis l'Indépendance ! Deux mille demandes de logement s'entassent sur le bureau du P/APC. Mais le plus urgent c'est certainement la résorption de l'habitat précaire. Pas moins de sept cent cinquante familles s'entassent dans un bidonville érigé en… 1958. La wilaya a promis de mettre la main à la poche pour permettre le recasement de sept cent cinquante familles. L'assemblée municipale attend une dérogation des autorités centrales pour pouvoir livrer quarante logements sociaux, prêts à être réceptionnés. En attendant, l'APC se donne quelques mois pour faire réaliser quelques petits projets figurant au titre du Plan communal du développement (PCD 2008) : une salle de soins et un foyer de jeunes sont en chantier à Hellouane. Figurent également sur cette feuille de route l'aménagement et le revêtement des artères du chef-lieu, la réfection de la route Tigrine Sid Younes-Didoune vers Chikhoune, la réhabilitation de la route Ighil Oudles vers Ifri et l'équipement hydraulique du nouveau forage de Chikhoune. Pour ce faire, l'APC a sollicité un budget de trente-deux millions de dinars. Du coup, ces projets permettront de créer cinquante-huit emplois. Avec la maigreur du budget communal, l'APC va devoir chercher d'autres sources de financement pour la réalisation d'autres petits projets : une bibliothèque communale, un stade (censé être cofinancé par la commune et la DJS), une salle omnisports et l'aménagement des quartiers Hellouane, Tiouririne, Selouane ainsi que la cité des 50-Logements. Enfin, la commune compte beaucoup sur la mise en service, fin décembre prochain, d'un réservoir de trois mille mètres cubes pour pallier le manque d'eau courante dans les foyers. Mais à l'approche de l'hiver, les villageois crient à qui veut bien les entendre leur désarroi : Tigrine, Khefnour, Voutagout et Didoune ne sont tous pas alimentés en gaz naturel. Saïd L.