Le ministère des affaires religieuses a décidé d'investir les ressources générées par son patrimoine immobilier dans une multitude de projets, dont les profits seront versés au financement d'œuvres humanitaires. Le département des waqfs est riche d'un patrimoine immobilier de 5 000 biens (des locaux à usage commercial, des habitations, des vergers…) d'une valeur approximative de 100 milliards de centimes. Cette fortune colossale, qui chez l'église est associée aux “biens de la main morte”, est appelée à être fructifiée. Depuis 2000, le ministère des affaires religieuses, sur instruction du gouvernement, a décidé d'investir les revenus des biens waqfs dans une diversité de projets d'ordre social, humanitaire et commercial. Actuellement, 3 777 projets sont recensés. Certains sont en cours d'exécution. Ils concernent la réalisation pêle-mêle de centres d'affaires, de complexes hôteliers, de logements et d'hôpitaux. Selon Abdallah Tamine, conseiller chargé de la communication, les investissements engagés devront réaliser 50 000 emplois permanents. Auparavant, les ressources financières des waqfs avaient un usage très restrictif. L'argent était utilisé surtout dans les œuvres de bienfaisance. Il servait aussi à la construction d'écoles coraniques. Le sens des affaires que la tutelle vient d'acquérir est certes dénué de visées mercantilistes. Car, assure M. Tamine, en dernier ressort, les profits générés par les placements susmentionnés sont destinés à financer des actions caritatives, comme l'alphabétisme, la lutte contre la pauvreté… Parmi les projets mis sur pied, figure la création d'une société par actions (SPA) de taxis. Le directeur général de radio-taxi waqfs a été installé hier. Le siège de l'entreprise se trouve à El-Harrach. Les fonds (3 330 000 de centimes) ayant motivé sa création proviennent à 90% des ressources des waqfs. Pour sa part, la banque Al-Baraka-Algérie a une part dans le capital équivalent à 10% du montant global. Le conseil d'administration de la société est constitué en majorité de représentants de la tutelle. Dans un premier temps, 33 taxis seront mis en circulation à Alger. Néanmoins, il est prévu que cette expérience soit généralisée dans les autres wilayas. Il est à noter que les biens waqfs proviennent très souvent de donations. L'article 3 de la loi 91-10 relative aux biens waqfs stipule précisément que “le wakf est l'acte par lequel est rendue impossible l'appropriation d'un bien en son essence, pour toute personne, de façon perpétuelle, pour en attribuer l'usufruit aux nécessiteux ou à des œuvres de bienfaisance”. L'article 4 précise que “le waqf est un acte par lequel une volonté individuelle s'engage à faire une donation”. Fréquemment, les lieux cédés au département des affaires religieuses sont implantés à proximité des mosquées. Quelquefois, les logements servent à abriter les imams. Enfin, il faut savoir que l'argent alloué à la construction des lieux de culte provient uniquement du budget de l'Etat. Samia Lokmane