Le verdict est tombé et le stress aussi. Le jury international, ainsi que celui de la Caméra d'Or ont consacré Khaled Benaïssa, qui signe avec Sektou, son troisième court métrage. Un prix encourageant certes, mais à double tranchant. “Algeria is back”. Cette phrase inspirée, lancée par Lyès Salem, lors d'un festival étranger lorsque son film avait raflé quelques prix, s'est confirmée samedi soir à Taghit, lors de la cérémonie de clôture du Taghit d'Or du court métrage, dans sa deuxième édition internationale. En effet, le jeune réalisateur algérien, également comédien, Khaled Benaïssa, a remporté pour son film Sektou (Ils se sont tus), la Caméra d'Or (qui récompense les films algériens présents au panorama et dans la compétition), ainsi que le Grand Prix du festival. Le jeune réalisateur (trois courts à son actif), ému aux larmes, a exploré dans son film, les limites entre le réel et le surnaturel dans le microcosme d'un quartier algérois populaire. Magnifique consécration, donc, pour l'Algérie qui revient sur la scène cinématographique internationale. Ces deux prix sont encourageants, réconfortants et intéressants, mais ils sont aussi à double tranchant. En fait, un lourd fardeau se pose à présent sur les épaules de Khaled Benaïssa. Va-t-il être à la hauteur ? Par ailleurs, le jury a, dans son rapport, exprimé son mécontentement et même son étonnement, quant à la médiocrité de la plupart des courts métrages. Selon le jury : “des 26 films en compétition, beaucoup ne sont pas à la hauteur de l'internationalité du festival.” Ce sont cette médiocrité ainsi que la platitude du niveau qui ont contraint les membres du jury à rajouter cinq autres mentions spéciales afin d'encourager les jeunes réalisateurs.L'affaire était plus compliquée pour le jury de la Caméra d'Or, qui a lui aussi déploré la faiblesse du niveau et l'absence du langage cinématographique dans les œuvres algériennes, mis à part le film Sektou de Khaled Benaïssa. Pour Nabil Hadji, journaliste de profession et membre du jury de la Caméra d'Or, “nous avons eu affaire à des productions au niveau très faible et très éloigné. Ce qui a rendu notre tâche difficile. Le choix a été très restreint, ce qui a partagé les avis”. “Nous avons longuement discuté avant de prendre notre décision. On a longtemps hésité entre Khaled Benaïssa et Sabrina Draoui, et ce fut l'œuvre de Benaïssa que nous avons jugée la plus complète, car il a vu du cinéma”, ajoute M. Hadji. Le retour à l'hôtel a été difficile pour certains, et festif pour d'autres ; mais de manière générale, le jury n'a négligé personne. Les habitants de Taghit, qui n'auront presque rien vu de ce festival, reprendront leur vie paisible et quiète dans le petit coin de paradis qu'est leur oasis. À l'année prochaine… peut-être ! Palmarès - Taghit d'Or du court-métrage (le Grand Prix) : Sektou (ils se sont tus) de Khaled Benaïssa. - Meilleur réalisateur : Réda Tlili (“Ayan Kan”, Tunisie) - Meilleur scénario : aux Jordaniens Hazem Baytar et Rifqi Assaf (The View) - Meilleure interprétation féminine : Asma El Hadrami (La jeune femme et l'instit du Marocain Mohamed Nadif) - Meilleure interprétation masculine : Aurélien Descloseaux (Os de la Française Marie Vanaret) 5 autres mentions spéciales : - Pour la maîtrise cinématographique et le message porteur, au réalisateur serbe Milos Pusic pour son court Lullaby for a boy. - Pour le dispositif filmique, aux réalisateurs belges Jean Julien Colette et Olivier Tollet, pour le film E finita la commedia. - Pour le style poétique de la narration et la justesse du regard de l'enfant sur le rituel de la mort, au réalisateur émirati Khaled Al Mahmoud pour Bint Nokhitha. - Pour son courage et l'audace de son propos, à la réalisatrice algérienne Sabrina Draoui pour son court Goulili. - Pour sa force humaniste et la poésie visuelle dans son traitement, au réalisateur égyptien Ahmed Magdy, pour son film Caika Bel Crema - Caméra d'Or à Khaled Benaïssa pour son film Sektou S. Kh.