Le jeune rassemblement cinématographique Taghit d'or, dédié au court métrage, a fermé ses portes le 20 décembre dernier après cinq jours de compétition. Le jury a rendu public son verdict et a tranché “côté cour”. Un choix qui a été difficile puisque les cinq membres du jury, présidé par la cinéaste tunisienne Selma Baccar, a rajouté en plus des cinq distinctions du palmarès initial, cinq autres mentions. Mais qu'en est-il à présent du “côté jardin”, de l'organisation ? Si on devait à présent, avec le recul, attribuer des mentions à ce festival, on obtiendrait : ll Félicitations. Le jury, composé de 5 spécialistes du septième art, notamment le jeune réalisateur hindou Richie Mehta, le critique algérien Mouloud Mimoun, la réalisatrice iranienne Aytan Multosaray, le Comorien, également cinéaste, Mohamed Saïd Oma, et présidé par la réalisatrice tunisienne, Selma Baccar, était prestigieux. Il a surtout été très exigeant envers ce qui lui a été donné à voir. Ne négligeant aucun effort et n'oubliant personne, le jury a rendu son verdict, non sans tensions, après des heures de délibération et de discussions enflammées. En plus d'être à la hauteur de l'évènement, le jury a été juste. Voilà sa plus grande victoire ! - Encouragements. Le cinéma algérien a été représenté par 4 jeunes réalisateurs, dignes représentants de la nouvelle génération de cinéastes. À leur tête, Khaled Benaïssa, qui a reçu le Grand Prix du Taghit d'or, et la Caméra d'or du meilleur film algérien présent au festival. Avec son film Sektou, Benaïssa a défloré une réalité algérienne épineuse, à savoir la normalité. En fait, tout a été normalisé en Algérie, même le crime et la violence… Alarmant ! Sabrina Draoui a également brillé par son audace et sa sensibilité à fleur de peau, avec son premier court-métrage Goulili. Le film traite de la schizophrénie de la femme musulmane, déchirée entre la religion et l'amour. Pour sa part, Mounès Khemmar a signé avec Kima Nahla (comme l'abeille) son deuxième court métrage. Expérimental, le film tente, à travers une abeille qui pénètre l'intérieur des maisons, de “pincer” notre monde : guerres, crise financière, mondialisation… Et enfin, Amar Si Fodil, a présenté le Doute : un court-métrage fiction qui frôle le paranormal. Tourné avec les moyens du bord, le film est la preuve que lorsqu'on veut, on peut ! - Très bien. À part quelques navets, les courts sélectionnés pour cette 2e édition, ont été, pour la plupart, intéressants car porteurs de messages forts. Les critères de sélection ont été la nouveauté du produit et sa durée (qui ne doit pas dépasser les 30 minutes). D'ailleurs, le jury a été un peu trop exigeant. Mais la commission qui a choisi les films est restée anonyme et on ignore de qui elle était composée. Notons, par ailleurs, que pour les prochaines éditions, les cinéastes qui souhaitent prendre part au Taghit d'or pourront s'inscrire par Internet (www.taghitdor.com) - Avertissement. L'organisation a commencé à s'activer juste après les fêtes de l'Aïd El Adha, c'est-à-dire deux semaines à peine avant le début du festival. Or un festival se prépare des mois avant sa tenue. L'argument qui ressort à chaque fois est que le Taghit d'or a failli être annulé en raison du limogeage de la direction de l'ENTV de Hamraoui Habib Chawki, également président de la Fondation Fennec d'or et du festival Taghit d'or. M. Hamraoui était absent durant tout ce festival et la directrice artistique, Yasmine Chouikh, a souvent été dépassée. - Blâme. Pour la logistique ! Tous les festivaliers (algériens et étrangers) se sont plaints de l'improvisation. Il faut avouer que les structures pour abriter un tel événement n'étaient pas favorables. En effet, la ville de Taghit ne dispose que d'un seul petit hôtel. À cela, on ajoutera l'absence des cinébus et des qaâdate, la non-présence de certains réalisateurs, la difficulté de s'exprimer en Algérie en dehors des festivals, le manque de structures et l'éventualité que la 2e édition du Taghit d'or du court métrage soit la dernière. Alors que certains annoncent que la Fondation Fennec d'or n'organiserait plus le Taghit d'or, d'autres parlent volontiers de délocalisation du festival vers Béchar. Le temps est tout, et en même temps, il n'est rien ! Dans ce cas de figure, le temps nous révélera ce qu'il adviendra du Taghit d'or… Patience ! - Mention spéciale. Malgré ces imperfections, le Taghit d'or du court métrage est une manifestation qu'il faut encourager, car porté par des jeunes célébrant un jeune cinéma. Mention spéciale donc à un cinéma algérien qui renaît de ses cendres, mais également à une jeune génération pleine de ressources, bourrée de talents et porteuse d'un message qu'elle déclame haut et fort. “Algeria is back”, il faut s'accrocher… Sara Kharfi