Lorsque le cinéma américain se choisit un ennemi pour envahir le pays, c'est en direction du ciel que les regards se tournent… Même la science-fiction doit se tenir. Mais si, par bonheur, la mise en scène de ce choix est confiée à un Martien, alors dans ce cas tous les coups sont permis… et c'est à l'oncle Sam de bien se tenir ! “Les Martiens attaquent la Terre. Malgré toutes les bonnes intentions des humains, les hommes verts ne semblent pas vouloir la paix… ” Tim Burton cueille une fois de plus son spectateur là où il ne l'attendait pas. On aurait dit qu'il avait des comptes à régler avec l'Amérique : avec son esprit aiguisé et des effets spéciaux époustouflants, il réussit à réduire tout le pays en tas de cendres (doublement d'ailleurs) en étalant sur pellicule les travers et les défauts de ses chers concitoyens... Les Martiens attaquent certes, mais c'est Tim qui a le doigt sur la gâchette. En plus de jouer avec le feu, Tim Burton fait tourner une brochette de stars dans son film : Jack Nicholson est épatant dans le rôle du président des USA (et directeur de casino) déjanté et égocentrique, Glenn Close en first lady maniérée, Pierce Brosnan en chercheur idéologique et raisonnable, sans oublier Danny DeVito, Sarah Jessica Parker, Michael J. Fox, Natalie Portman, Tom Jones et bien d'autres. Tous ont bien voulu jouer le jeu satirique d'un réalisateur plutôt “space” dans son genre. Même si Johnny Deep, l'acteur fétiche de Tim Burton, ne s'est pas retrouvé cette fois devant les lasers 16/9 du maître du fantastique, son compositeur attitré était de la partie. Danny Alfman a su créer l'ambiance kitch et loufoque désirée. Tim Burton se déchaîne et signe, avec Mars Attacks, une œuvre qui a fait trembler l'Amérique. En effet, quelques mois seulement après la sortie du film pro-américain Independance Day, de Roland Emmerich, Burton attacks et ridiculise la société américaine avec cette parodie de film de science-fiction des années 1950. Dans son film, il ne sera pas question de bravoure, de sens du sacrifice et encore moins de patriotisme façon Will Smith, Tim Burton officialisera son statut de vilain petit canard d'Hollywood avec son humour noir et acerbe qui part dans tous les sens. Ce caprice cinématographique ne lui a pas été bénéfique : il se fait descendre par les critiques et totalise 37,7 millions de dollars de recettes, ce qui n'est pas terrible comparé aux 204,6 millions de Charlie et la chocolaterie. Avec Mars Attacks, on est loin de l'attendrissant Edward aux mains d'argent, ni du bouleversant Big Fish ou alors de l'envoûtant les Noces funèbres. Lui qui nous avait habitués aux histoires planantes, le maître du fantastique s'essaye aux soucoupes volantes… réalisant ainsi un atterrissage forcé au lieu d'une envolée burtonienne.