La mesure de la Banque d'Algérie a été arrêtée “pour renforcer les règles prudentielles et stimuler les crédits à l'investissement à moyen et long terme”. Le Conseil de la monnaie et du crédit (CMC) a décidé, mercredi, d'augmenter le montant du capital minimum requis des banques et établissements financiers, amendant ainsi le règlement datant de 2004 relatif au capital des institutions bancaires et financières. Le Conseil de la monnaie et du crédit a ainsi porté le capital minimum des banques et des succursales de banques à 10 milliards de DA contre 2,5 milliards de DA actuellement. Quant au capital minimum des établissements financiers et des succursales d'établissements financiers, il a été multiplié par sept pour passer, dorénavant, à 3,5 milliards de DA contre 500 millions de DA. Le Conseil de la monnaie et du crédit explique que “ces mesures ont été prises pour renforcer les règles prudentielles et stimuler les crédits à l'investissement à moyen et long terme”. Dans toute économie, le système bancaire et financier joue un rôle déterminant de soutien à l'activité économique. Dans beaucoup de pays émergents et en développement, dont l'Algérie, le rôle des banques dans le financement des investissements productifs est d'autant plus accru en raison du faible niveau de développement des marchés financiers. Il est donc vital pour l'économie, et c'est là l'une des leçons à tirer de la crise financière internationale en cours, que la solidité du système bancaire et financier soit renforcée et préservée. Dans ce sens, le CMC souligne que “cette augmentation du capital minimum des banques et établissements financiers exerçant en Algérie vise à renforcer davantage leur solidité financière ainsi que la stabilité du système bancaire en Algérie et contribue également à la protection des déposants”. Ce nouveau dispositif donne un délai de 12 mois pour se conformer à ces nouvelles prescriptions réglementaires, alors que le règlement de mars 2004 donnait un délai de deux ans pour la mise en conformité. La principale caractéristique du secteur financier en Algérie est qu'il reste à vocation bancaire, même si le compartiment obligataire du marché financier s'est rapidement développé à partir de 2004 pour atteindre, à fin 2007, une capitalisation de 3,1% du PIB hors hydrocarbures. Le secteur bancaire reste donc le principal canal de financement des entreprises et des ménages. En Algérie, les banques sont à la fois sur-liquides en bilan mais, en réalité, sous- capitalisées. Dans un tel contexte, les banques ont tendance à se livrer à une surenchère sur quelques “bons risques”. D'où la nécessité pour les banques de renforcer leurs fonds propres comme l'exige la réglementation, de contribuer à l'amélioration de leur position et leur conférer des moyens d'intervention plus importants, tout en respectant en permanence le cadre prudentiel en vigueur. Ce renforcement de fonds propres de base s'inscrit dans la démarche d'amélioration soutenue des indicateurs de santé financière du système bancaire en Algérie. Selon le gouverneur de la Banque d'Algérie, sous l'angle de la solvabilité des banques, et à fin 2007, le ratio fonds propres/risques encourus se situe en moyenne à 12,85% contre 15,15% à fin 2006 ; les banques ayant provisionné davantage en 2007. Le ratio de couverture des risques se situe entre 11,3% et 20% pour les pays de la rive sud de la Méditerranée, sachant que le ratio réglementaire est de 12% dans certains de ces pays. Par ailleurs, le ratio fonds propres de base/total des actifs nets des provisions constituées est de 6,39% à fin octobre 2008 pour les banques exerçant en Algérie, soit un niveau relativement faible par rapport au taux moyen des pays de la région. Cette faiblesse des fonds propres de base des banques exerçant en Algérie est confirmée par le niveau du ratio fonds propres de base/total des engagements qui est estimé à 6,43% à fin octobre 2008. D'autres, par contre, s'étaient retrouvées dans l'incapacité de se conformer à ces exigences financières et avaient été, en conséquence, dissoutes. Par ailleurs, le Conseil a autorisé les augmentations de capital introduites antérieurement à ce nouveau règlement, par, respectivement, la Banque de l'agriculture et du développement rural (BADR) pour le porter à 33 milliards de DA, la Gulf Bank Algérie (6,5 milliards de DA), la BNP Paribas El Djazaïr (4,5 milliards de DA) et la succursale de banque HSBC Algeria (3,3 milliards de DA). M. R.