Plusieurs fournisseurs d'accès à Internet ont du mettre la clé sous le paillasson suite à l'application de la baisse de 50% des tarifs de connexion. L' Algérie compte officiellement 71 fournisseurs d'accès à Internet. Un nombre bien en deçà des attentes, et la situation ne s'améliore guère, notamment avec les nombreux ISP qui, depuis quelques mois, ont déclaré faillite. Un état de fait dû à la baisse des tarifs de 50% sur les tarifs de connexion à Internet décidée de manière unilatérale par le ministère des NTIC, selon M. Nouar Harzellah, P-DG de l'Eepad. Lors de son intervention hier au Forum d'El Moudjahid, ce manager aguerri n'a pas mâché ses mots, appelant à l'intervention urgente de l'Autorité de régulation de la poste et des télécommunications (ARPT) pour trancher la question. “Nous avons, nous-mêmes, enregistré des pertes qui s'élèvent à 50% depuis la mise en application de cette baisse et nous arrivons à maintenir le cap en compensant ce déficit avec d'autres produits et offres à valeur ajoutée”, reconnaîtra le patron de l'Eepad, déplorant que la décision du ministère annoncée en grande pompe en avril dernier n'a pas été suivie d'application avec la baisse des coûts d'achat des liens, dont l'acquisition est excessivement onéreuse. Une fin 2008 donc boiteuse, voire fatale pour les ISP dont certains ont carrément bloqué l'arrivée de nouveaux clients et d'autres continuent à subir les effets de cette réduction des tarifs qui a, certes, permis d'augmenter le nombre de clients, mais au détriment de la qualité. Autrement dit, une autre tentative avortée de la part des pouvoirs publics qui, partant du souci de développer les NTIC, s'emmêlent les pinceaux et versent dans le e-populisme, tout comme il en a été procédé pour l'opération Ousratic (1 PC par foyer). M. Harzellah, qui a procédé hier à une rétrospective des 17 ans d'existence de son entreprise, a fait ressortir la pertinence de ne plus se contenter de fournir l'accès à Internet, mais de passer à une vitesse supérieure avec le développement du contenu local. Dans ce contexte, il devient difficile d'imaginer une cohérence dans la démarche publique investie dans l'immense chantier pour réaliser e-Algérie en 2013. L'Eepad à sa manière tente de se placer dans le marché des TIC, et ça lui réussit avec plus d'un milliard de DA de capital, 70 points de présence à travers 42 wilayas et 1 700 cybercafés connectés via Eepad avec 2,2 milliards de dinars de CA pour 2008, un siège à Alger, un centre de maintenance mais surtout une usine de Lap Top à Annaba et une unité de développement de logiciels. L'Eepad, c'est aussi et surtout la pionnière en matière d'enseignement à distance sur l'Internet avec son offre de cours de soutien lancée en 2006 pour les bacheliers, qui a connu un franc succès. Ceci a encouragé les équipes de l'Eepad pour innover encore avec le produit Tarbiatic et créer carrément l'école numérique à travers la plate-forme Clicforma (elle relie l'élève, les parents, le prof et les responsables de l'établissement). L'Eepad ambitionne de s'agrandir en offrant cette même possibilité à d'autres écoles et de dépasser le chiffre de 100 entre les secteurs public et privé avec, pourquoi pas, une nouvelle offre dans quelques mois (Assilabox 3), qui viendra enrichir la palette des packs proposés dont le dernier en date remonte au 1er décembre avec Pack Home, en bonus le PC Zala à seulement 17 000 DA. Que de chemin parcouru partant de Assila (ADSL depuis 2003 avec 256 521 kb/s) pour évoluer vers du 1,5 méga jusqu'à 8 megas avec Assila et Assila 2 avec de la VoIP (téléphonie par Internet), puis l'Internet, la téléphonie, e-learning, l'accès aux programmes TV, VOD, musique et jeux depuis 2008. Mais l'Eepad se mesure aussi par des chiffres que son patron se veut précis. Il avance sa participation annuelle à l'économie nationale à 200 000 000 DA en termes d'emplois, 10 000 000 DA en termes d'impôts et 40 000 000 DA en charges fiscales. Il insiste que le paiement en direction d'Algérie Télécom est de l'ordre de 3 750 000 000 DA, soit 82% des montants facturés et que pour la seule année 2008, on compte 725 000 000 DA, soit 91,4% des prestations et 430 000 000 DA, soit 91% du total. M. Harzellah finit sur une note optimiste en abordant les objectifs qui se résument à continuer à développer le réseau ADSL pour couvrir les 48 wilayas, atteindre le 1 million d'abonnés ADSL Assila à l'horizon 2013. Il est question aussi de faire de Clicforma une plateforme de télé-enseignement utilisée par 500 000 étudiants et satisfaire ainsi, en 2013, un million d'acquéreurs en pack PC portable+ADSL. Nabila Saïdoun