Tout indiquait que l'Algérie voulait se brancher aux autoroutes de l'information. La vitesse de pénétration d'internet n'a jamais cessé d'augmenter. Le pays comptait pour l'année 2002 seulement 200 000 utilisateurs disposant de leurs propres moyens d'accès à Internet sur un total de 30 millions d'habitants. Mais le nombre d'internautes algériens est beaucoup plus important que le nombre de foyers connectés, l'écrasante majorité des connexions s'effectuant depuis les cybercafés. Si l'on en croit les estimations de différents cabinets d'étude, le nombre d'internautes drainés par ces cyberespaces est supérieur à 300 000, ce qui porte à environ 500 000 le nombre d'utilisateurs réguliers en Algérie. Il est vrai que ces chiffres restent bien loin des records établis dans les pays occidentaux, mais le réseau est à présent étendu à toutes les régions du pays. Créé en 1986, le Centre de recherches et d'information scientifique (Cerist), une structure universitaire publique, détenait, jusqu'en 1998, le monopole d'accès à Internet. En août 1999, le gouvernement a ouvert la gestion de ses accès à des fournisseurs d'accès privés et non nationaux. Plus de 70 opérateurs privés ont été agréés, mais 15 seulement sont entrés en activité. Parmi eux, l'Etablissement d'enseignement professionnel à distance (Eepad), un organisme spécialisé dans le télé-enseignement, et le General Computing System (Gecos). Plusieurs barrières freinent actuellement le développement des autoroutes de l'information. Premier obstacle : les infrastructures. La bande passante du Cerist est bien en dessous des normes internationales. Les abonnés algériens se plaignent régulièrement de goulots d'étranglement et de connexions défaillantes. Les difficultés de liaison sont également dues à la vétusté du réseau téléphonique. Deuxième obstacle : l'équipement. La plupart des utilisateurs en Algérie disposent trop souvent de matériel informatique obsolète. Le prix exorbitant d'un ordinateur freine l'accès au réseau. L?acquisition du matériel (ordinateur et modem) revient à environ 60 000 DA, ce qui représente 7,5 fois le salaire minimum, en plus du prix de la connexion (environ 600 DA pour une vingtaine d'heures). Internet ne fait pas encore partie des priorités, pour un foyer algérien. Aussi, les cybercafés sont-ils très prisés et ne désemplissent pas. Il en existe près de 5 000 sur le territoire national, dont 400 dans la capitale. Dernier obstacle et non des moindres : le prix des télécommunications encore trop élevé. Une nouvelle hausse des tarifs des communications téléphoniques devrait entrer en vigueur à la fin de cette année. Qualifiée par le ministère de la Poste et des Technologies de l'information et de communication de «simple rééquilibrage», mais dans la réalité, elle va se concrétiser par une multiplication de 1 à 5, menaçant directement la survie des fournisseurs privés et, par ricochet, les cybercafés. Plusieurs cybercafés ont déjà mis la clé sous le paillasson.