Comme tous les cancers, celui touchant le col de l'utérus peut être évité ou du moins bien traité, s'il est diagnostiqué à temps. “Nous recensons, chaque année, 2 000 nouveaux cas de cancer de l'utérus en Algérie. Ce cancer de part son incidence vient en deuxième position après celui du sein en matière de prévalence du cancer chez la femme”. C'est ce qu'a déclaré le Dr Kedad Nacéra, directrice de la population au ministère de la Santé, lors des 4es journées d'évaluation du programme national de dépistage du cancer du col de l'utérus, tenu les 27 et 28 décembre derniers au centre sportif Sveltesse de Chéraga. Les participants ont relevé ce qu'ils considèrent comme étant une anomalie à savoir le faible taux de femmes ayant bénéficié d'un frottis depuis le début dudit programme en 2001. Selon certains médecins, un programme, qui a touché seulement 1% de la population ciblée au bout de 8 ans d'existence, est considéré “comme un échec” et il faut “le revoir de Fond en comble”. Ce n'est pas l'avis de la directrice de la population qui estime pour sa part que seules les données exploitables envoyées par les centres de santé ont été prises en considération. “Nos statistiques ne recensent pas tous les frottis réalisés dans les centres de santé et les hôpitaux, mais seulement les données fiables envoyées par les établissements de santé publiques. Seuls les dossiers complets car comportant un suivi réguliers des patientes sont exploités, c'est pourquoi ce faible taux est relevé. En réalité, le nombre de femmes qui ont bénéficié d'un frottis vaginal dans le cadre du dépistage du cancer du col de l'utérus est de loin plus important”, affirme le Dr Kedad. Elle rappelle que le cancer du col de l'utérus est dû à plusieurs souches de virus appelés Papillomavirus. Elle affiche sa préférence pour les campagnes de dépistage qui sont le meilleur moyen de lutte contre ce cancer. Elle admet que certes un vaccin contre le cancer du col de l'utérus existe, mais elle tient à en préciser les limites : “Ce vaccin ne couvre que deux souches de virus qui sont, selon les études, responsables de 75% des cancers de ce type chez la femme. Il faut vacciner les filles avant les premiers rapports sexuels. Eu égard à la spécificité sociologique de la société algérienne, je préconise le dépistage comme moyen de lutte contre le cancer de l'utérus.” Justement pour mener ce programme de dépistage, 144 unités de cytodiagnostic (diagnostics cytologiques réalisés en laboratoire sur des lames de frottis vaginaux). 290 screeners ont été formés pour réalisés les frottis. Ces chiffres demeurent insuffisants et les spécialistes estiment qu'il faut en créer beaucoup d'autres car pour le moment la couverture moyenne au niveau national ne dépasse pas 2,5 centres par wilaya. Le Dr Kedad recommande aux femmes de plus de 30 ans “de faire des frottis vaginaux pour être rassurées ou être prises en charge à temps en cas de diagnostic positif. Pour soigner les cancers diagnostiqués à temps, il suffit de faire quelques séances d'électrocoagulation pour en venir à bout. Un frottis revient à 1 000 DA et la prise en charge d'un cancer pris à temps n'exige pas de lourds équipements. En revanche, pour soigner des cancers avancés, il faut des moyens conséquents sans pour autant assurer une guérison totale aux patientes”. Djafar Amrane