Le fait que le troisième homme dans la hiérarchie protocolaire parle de la révision constitutionnelle comme d'un impératif signifie vraisemblablement que, en haut lieu, la question est tranchée favorablement. Le projet de révision constitutionnelle, qui fait partie de ces serpents de mer de la presse nationale, revient encore sur le devant de la scène. C'est le président de l'assemblée nationale Abdelaziz Ziari qui a soulevé, hier, le lièvre dans son discours d'ouverture de la cession parlementaire d'automne. C'est précisément le fait que la question soit évoquée dans un discours aussi protocolaire, qui fait généralement l'objet de consultations verticales préalables, qui donne à l'annonce un caractère quasi officiel. D'autant que le président de l'assemblée assimile cette révision à un “impératif” qu'il situe dans le prolongement naturel des évolutions connues par le pays cette dernière décennie. “Il est dans la logique des choses que l'Etat œuvre à dresser un bilan de ce qu'a été l'expérience de la décennie passée, marquée par de nombreux évènements qui ont concerné les différents domaines de la vie politique et institutionnelle. C'est pourquoi une révision de la constitution du pays s'impose comme un impératif dans l'objectif d'en mettre les dispositions en adéquation autant avec les nouvelles réalités qu'avec les réformes réalisées”, argumente Abdelaziz Ziari. Ce qui est attendu de cette révision, ajoute encore le président de la chambre basse du parlement, c'est “l'amélioration de l'organisation des institutions du pays dans le sens d'une plus grande cohérence, notamment dans les domaines qui s'attachent à l'organisation et au contrôle de toutes les formes de pouvoir, pour consacrer la vision de l'Algérie moderne, forte de ses institutions, fière de son authenticité”. Dans son plaidoyer en faveur de cette révision de la première loi du pays, Abdelaziz Ziari fait siens les arguments utilisés, il y a un peu plus d'une année, par le président Abdelaziz Bouteflika qui motivait le projet d'amendement par une répartition plus rigoureuse des pouvoirs, dans le cadre d'un système présidentiel fort… Sauf qu'après cette déclaration à un journal espagnol, la seule d'ailleurs sur le sujet, le président Bouteflika n'en a plus pipé mot. Si bien que d'aucuns avaient assimilé son silence à une sorte de renoncement au projet de révision du fait de son état de santé. Mais cela n'a pas empêché son Premier ministre, Abdelaziz Belkhadem, de revenir régulièrement à la charge pour défendre cette révision sur laquelle, d'ailleurs, une commission du parti a planché avant d'aboutir à une mouture qui serait remise à la présidence. L'insistance de Belkhadem sur cette révision avait fini d'ailleurs par sortir de ses gonds Ahmed Ouyahia, qui savait exactement de quoi il retournait dans cette affaire aux enjeux considérables. Si l'ancien chef du gouvernement adhère du bout des lèvres à cette révision, une prérogative du président, tenait-il toujours à préciser, au MSP le projet n'est pas vu d'un bon œil. Du moins du point de vue de Abdelmadjid Menasra pour qui un éventuel troisième mandat du président Bouteflika serait un recul dans le processus démocratique. Mais force est d'admettre qu'après la sortie de Ziari, c'est la preuve que la question est désormais tranchée définitivement et que l'on va désormais droit vers cette révision. Il s'agira, donc, d'être attentif pour savoir quels sont les amendements pour aboutir à ce fameux système présidentiel cher à Bouteflika. Le reste n'étant plus qu'une question de timing pour trouver la fenêtre de tir à ce projet de révision. N. Sebti