Elle nous informe, nous renseigne, nous oriente et nous rappelle même parfois à l'ordre. Ce sont là quelques-unes des multiples fonctions de la signalétique. Un rôle salutaire quand il est adopté par des professionnels. Mais, ce n'est pas, hélas, toujours le cas. Souvent, en Algérie, quelques responsables administratifs zélés s'en mêlent et ça donne inévitablement tout le chambardement que l'on connaît. Panneaux à hauteur démesurée, surcharge des messages, illisibilité des caractères, implantation inappropriée des panneaux, souvent inesthétiques. Et ce qui peut représenter un danger réel, en cas de bricolage, c'est la signalétique d'avertissement sur nos routes et autoroutes. L'implication du facteur humain dans les accidents de la route, tout le monde le sait, représente près de 80% des cas. Et l'élément humain, c'est aussi cet administratif, non formé en la matière, qui décide d'ériger tel panneau ou enseigne à tel endroit. Un geste aussi banal en apparence peut s'avérer être très préjudiciable. La communication par le visuel, à savoir la signalétique structurée, aménagée, est l'affaire de professionnels, à savoir urbanistes, architectes, paysagistes, designers et autres métiers, dont les notions techniques et artistiques sont étroitement liées à la création et la conception. Pour être efficaces, les messages communiqués doivent répondre à des critères de lisibilité et de compréhension pour l'ensemble des populations ciblées. Les informations ne sont pas traitées de la même façon dans une école pour jeunes élèves, que dans une université, fréquentée par des adultes, par exemple. Il s'agit d'identifier l'ensemble des paramètres liés à la diversité, de les traduire en spécification de conception et d'implantation de la signalisation pour tenter de répondre au plus grand nombre, sinon à l'ensemble des besoins identifiés, clairement définis et spécifié au préalable. La signalétique est un mode de communication très actif. Sa mise à jour doit se faire spontanément. Elle doit répondre à des besoins qui s'expriment au travers des difficultés rencontrées. La signalétique utilise un langage universel, grâce à des codes visuels logiques, facilitant la compréhension, l'interprétation du sens du message devant être le moins ambigu possible, s'appuyant sur des symboles connus et reconnus de tous, toute culture confondue. La tâche est rendue d'autant plus difficile pour les professionnels de la signalétique, tellement les panneaux informatifs font partie de notre environnement, à telle enseigne que nous les négligeons trop souvent, occultant leur rôle de différenciation et de valorisation des espaces et des services. Ah ! Si les routes ne parlaient pas ! Comment organiser ses déplacements ? Comment rejoindre l'autoroute ? Quand et où faut-il s'arrêter au passage à niveau ? Les réponses à toutes ses questions ont été justement apportées avec l'apparition de l'automobile. Aujourd'hui, la signalisation routière représente plus de 300 panneaux, internationalement homologués. Ils se répartissent selon leur codage en cinq catégories, exprimant chacune des expressions différentes : les obligations, les interdits, la notification de dangers à éviter, les informations particulières et le repérage spatial. Ce mode d'exploitation rationnelle de la voirie et sa sécurisation, on le doit à l'ancêtre de la signalétique, passant de la forme verbale à la forme iconique. Si le recours à l'iconicité est récent, l'usage de la signalisation voirie est très ancien, on ne peut dater une époque à partir de laquelle elle serait apparue. On rapporte que les Babyloniens eux-mêmes l'auraient utilisée. En fait, le balisage de l'espace est un acte “naturel”. On le retrouve chez les animaux et dans les tribus primitives qui utilisent des signes inscrits dans la nature pour se repérer, poursuivre une proie... La légende du “Petit Poucet” est là pour nous le rappeler : dans un environnement inconnu, nous avons tous besoin de repères. Des repères, on en a besoin partout, jusque dans notre propre environnement. Il n'est pas rare de se perdre, un peu, dans son fief, tellement les choses vont à un rythme effréné. De nos jours, la cité ressemble à un décor de films. Elle mue. Et devant une telle instabilité, la signalétique devient notre alliée, en nous prenant par la main pour ne pas trop nous égarer. Du jour au lendemain, les magasins, vitrines, enseignes, éclairages et même les façades se relookent au gré des modes. En milieu rural, il arrive souvent que l'on traverse toute une ville sans savoir où l'on est ! À l'université, certains étudiants, pour plaisanter, suggéraient un module de repérage de leur établissement, faute de signalisation intelligente. Là aussi, les pros de la signalétique n'ont pas été sollicités ! Un autre labyrinthe, nos hôpitaux, là non plus, il ne faut pas être pressé, même si c'est pour une urgence ! Dans d'autres sociétés, notamment en Europe, la signalétique a été adaptée à toutes les personnes présentant des handicaps, grâce à des techniques de reconnaissances auditives et/ou visuelles, avec des supports en braille ou en relief. Ainsi, toute personne devient autonome n'a nullement besoin de demander son chemin. Autre forme de signalétique, le fameux carré blanc de la télévision. Un dispositif d'avertissement et de protection des enfants, devant la violence et la grossièreté de certains programmes diffusés par le média lourd. Par ailleurs, à l'heure où toutes les initiatives sont recherchées pour valoriser le secteur du tourisme en Algérie, on ferait bien de commencer à communiquer, via nos panneaux, en deux ou trois langues… sans la traditionnelle traduction littérale, de l'arabe à l'arabe en lettres latines, du genre, Dar el-Takafa, ou encore, El-Darak el-Watani, transcrit en français. Pour celui qui ne lit que l'arabe, c'est raté ! Et il en est de même pour un étranger qui ne comprend pas l'arabe, pour savoir que cela veut simplement dire gendarmerie nationale. Une institution aussi importante qu'utile pour tous gagnerait à se doter d'une signalétique plus efficiente, à identification universelle. Il s'agit là d'un exemple tiré du meilleur élève, le pire nous vient des communications municipales, notamment en zone industrielle. C'est de la vile bande dessinée en grandeur nature, de la taille d'une ville ! En attendant le GPS, la communication orale a encore de beaux jours ! R. L.