Par la création de leur forum, les pays exportateurs de gaz s'en viennent à donner plus de puissance à l'Opep dont ils sont, également, membres très actifs. Agissant de façon quasi informelle depuis 2001, les pays producteurs de gaz entrent, ainsi, dans une nouvelle phase d'action dont le but serait de rééquilibrer les rapports de force économique à l'échelle internationale. Entre tous les sommets et autres assises internationales ne cessant de se succéder sous différents aspects politiques et économiques, de considérer qu'ils n'auront, jusque-là, aucunement contribué à l'amélioration du développement des pays détenteurs de grandes richesses, en hydrocarbures ; cependant que pour ces derniers, confrontés à des défis quasi identiques, il devient urgent de valoriser leurs ressources naturelles, de même que leurs situations géopolitique et géostratégique respectives et les plaçant au centre d'enjeux internationaux très sensibles… À ce propos, les observateurs de faire un rapprochement entre les différents éléments d'appréciation politique partant, pour exemple, de l'offensive des Etats-Unis contre l'Irak et de l'objectif de Washington de créer un Grand-Moyen-Orient s'étendant du golfe Persique à l'extrémité ouest de l'Afrique du Nord. En ce sens, la visée américaine était claire, s'agissant de contrer les avancées de l'Union européenne au Proche-Orient et vers la rive-sud de la Méditerranée et parallèlement, bloquer, au niveau de ce même espace, la menace économique chinoise ; cela tout en assurant prioritairement la “protection”, voire la mainmise quasi officielle sur les zones de production pétrolifères, aussi bien celles du golfe Persique que de la mer Caspienne. Certes, la Banque Mondiale et d'autres grandes institutions internationales ont formulé aux pays producteurs de pétrole et de gaz notamment, des recommandations en vue de leur développement, encore eut-il fallu qu'elles concordent et renforcent les objectifs nationaux respectifs des Etats auxquels elles étaient formulées. De fait, l'amélioration de la situation économique et sociale desdits pays ne saurait prêter à une controverse émanant ou alimentée de l'extérieur, cela sans que soit rejetée tout concours ou aide pour un développement plus rapide et durable… En ce sens et en matière de stratégie de développement, de déplorer que les pays du Maghreb ne soient pas parvenus à créer leur propre marché commun qui serait, dès lors, devenu le pendant officiel de l'Union européenne et source d'équilibre assurée entre les deux rives de la Méditerranée ; projection identique étant souhaitable pour les pays du Proche-Orient. Sur un plan économique et financier et plus loin que l'accroissement des recettes pétrolifères et gazières des pays producteurs, de comprendre que, par leurs richesses naturelles, ils intéressent, comme cibles stratégiques, les grandes nations productrices et exportatrices, aussi bien en termes de débouchés qu'en opportunités de premier plan pour les multinationales et autres grands investisseurs prenant en compte la disponibilité d'une main-d'œuvre à faible coût et autres avantages présidant à leur installation ; entrecroisement, là, d'analyses brèves mais sensibles et de premier plan soulevant la question du devenir des pays producteurs alors qu'il est déjà question de l'ère de l'après-pétrole. Ici, l'Iran, l'Irak, les monarchies arabes, l'Algérie et bien d'autres pays sont fortement interpellés. Car, alors que les pays sur-développés et fortement demandeurs de pétrole et gaz déploient une stratégie technologique sur fond de perspective préparant à une réduction de leur consommation, il s'agirait, en retour, pour les pays producteurs de s'organiser et d'équiper aux fins de suppléer à un amoindrissement de leurs exportations pétrolifères et gazières. Et, c'est en cela que se joue une grande bataille de cette guerre économique plaçant, comme jamais, les ressources énergétiques au premier plan des différentes offensives que connaissent des régions précises de la planète. Et, là, aussi bien pour l'Opep que pour le nouveau Forum des pays exportateurs de gaz, il s'agira de redéterminer les rapports de force à l'échelle mondiale, particulièrement en ce qui concerne les pays d'Asie centrale, du Proche-Orient et du continent africain dans sa globalité, s'agissant, pour eux, de se conforter par un effort de développement nouveau à leur niveau respectif. L. R. A.