Malgré une décision de la Cour suprême israélienne lui enjoignant de revenir sur cette décision, l'Etat hébreu a maintenu hier l'interdiction faite aux journalistes étrangers d'entrer dans le territoire de Gaza en situation de guerre. En effet, l'instance judiciaire israélienne a récemment rendu un arrêt ordonnant au gouvernement d'autoriser l'entrée des correspondants étrangers dans la bande de Gaza, et huit d'entre eux ont été choisis à cet effet. Il n'en demeure pas moins qu'aucun journaliste n'a reçu la permission de se rendre dans la bande de Gaza. S'élevant contre cette mesure, l'association de la presse étrangère, la FPA, a vivement protesté contre cette interdiction, et le responsable du Bureau de presse gouvernemental lui a répondu qu'Israël ne voulait pas risquer la vie de ses soldats pour protéger les journalistes. “L'interdiction sans précédent faite aux représentants des médias internationaux d'accéder à Gaza constitue une grave violation de la liberté de la presse et place Israël aux côtés d'une poignée de régimes qui empêchent régulièrement les journalistes de faire leur travail”, affirme un communiqué de la FPA, qui ajoute : “Nous appelons les autorités israéliennes à lever immédiatement cette interdiction, conformément à la décision de la Cour suprême et aux principes fondamentaux d'un Etat démocratique.” Pour justifier cette mesure, dont l'objectif inavoué est de cacher les crimes de guerre de l'armée israélienne, Daniel Seaman, chef du bureau de presse gouvernemental, chargé des accréditations délivrées aux journalistes étrangers, a de son côté affirmé que les reporters ne devaient “pas être autorisés à entrer à Gaza, car nos soldats ne vont pas se sacrifier pour les protéger”. Il ira jusqu'à affirmer que les journalistes sont “gâtés” en Israël. Faisan allusion à des enlèvements de journalistes par des Palestiniens armés, il dit : “Au cours des derniers mois, aucun d'entre eux n'a été forcé de quitter Gaza, mais ils ont eu trop peur d'y rester.” Selon lui, “la presse mondiale ne se préoccupe pas des souffrances du peuple israélien. Elle ne s'inquiète que du sort des Palestiniens (...) Pourquoi ne rend-elle pas compte de ce qui se passe dans le sud d'Israël ?” Cela étant, le porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères, Yigal Palmor, a déclaré : “Je ne peux pas dire qu'il y a une décision délibérée et totale d'interdire aux journalistes de se rendre à Gaza. Il y a des combats aux passages routiers. Le Hamas bombarde ces passages, et l'armée ne veut pas être tenue responsable des risques mortels encourus par des civils.” Comme argument pour justifier cette interdiction, il faut avouer que c'est très léger, car le but réel est connu de tous, à savoir massacrer le maximum de Palestiniens loin des regards de la communauté internationale. M. T.