La Russie passe à l'action. L'Europe centrale était durement touchée hier par le bras de fer russo-ukrainien sur les prix du gaz, tandis que les livraisons à destination de certains pays de l'Est ont carrément été arrêtées. Les livraisons de gaz russe via l'Ukraine étant tombées à seulement 10% environ des volumes prévus. L'heure est grave pour les Européens qui s'étaient tenus jusqu'ici à l'écart de ce différend. Les livraisons de gaz russe à la Hongrie via l'Ukraine « ont été interrompues » hier, si l'on s'en réfère à l'annonce faite dans hier après-midi par le ministre hongrois de l'Energie, Csaba Molnar. La Bosnie, la Croatie, la Macédoine, elles aussi, ont vu la totalité des livraisons interrompues, tandis que les acheminements à destination de la Serbie ont baissé de moitié durant la même journée. 90% de baisse ont été constatés aussi en Slovénie, 70% en Slovaquie, en République tchèque (70%), en Turquie via les Balkans (100%), mais celle-ci continue à être alimentée par le gazoduc qui lie les deux pays en passant sous la mer Noire. En Autriche, seulement 10% du gaz russe prévus étaient livrés hier matin, alors que les livraisons vers la Bulgarie ont été arrêtées dans la nuit de lundi à mardi. Durant la même nuit, les livraisons vers la Grèce ont été également suspendues, tandis qu'un des pipelines alimentant l'Allemagne en gaz russe, transitant par l'Ukraine, a enregistré une baisse de pression. La fourniture en gaz russe à l'Italie n'atteignait hier que 10% des quantités habituelles, soit 90% de baisse, a indiqué un porte-parole du groupe pétrolier Eni. La réduction des acheminements vers la France était de l'ordre de 70% aussi. L'Europe est ainsi frappée de plein fouet par le différend gazier qui oppose la Russie à l'Ukraine. Réagissant pour la première fois depuis le début de la crise, la présidence tchèque de l'UE et de la Commission européenne a indiqué hier que ces réductions, jugée « substantielles », constituent une situation « complètement inacceptable ». L'UE et la Commission européenne ont demandé à ce que « les livraisons de gaz soient rétablies immédiatement vers l'UE et que les deux parties reprennent les négociations tout de suite ». L'UE continue néanmoins à qualifier la crise de « dispute commerciale » à laquelle seuls Moscou et Kiev peuvent trouver une issue. Ceci pour éviter à l'UE d'éventuels casse-tête avec la Russie qui semble être en attente d'un faux pas européen pour passer à la phase des grosses pressions. La Russie a fait valoir hier sa politique de la carotte et du bâton en appelant l'Ukraine, par le biais de Gazprom, à reprendre les pourparlers. Peu avant cette annonce russe, le patron de la compagnie ukrainienne Naftogaz, Oleg Doubina, avait déclaré qu'il se rendrait à Moscou jeudi pour y rencontrer son homologue de Gazprom, Alexeï Miller, suggérant que les négociations, interrompues au soir du 31 décembre, allaient donc reprendre.