Les marches de soutien à la population de Gaza, organisées ce vendredi, ont été marquées par une anarchie indescriptible. Et ce n'est pas la faute aux millions d'Algériens qui voulaient exprimer sincèrement et sans calculs leur soutien au peuple palestinien et leur colère contre l'inertie des dirigeants arabes devant un tel génocide. Les partis politiques ont préféré déserter la capitale, ce vendredi, laissant les foules livrées à elles-mêmes et à quelques charlatans manipulateurs. Le leader du MSP, Bouguerra Soltani, avait bien annoncé, dans un quotidien arabophone, que les marches étaient tolérées à travers tout le territoire national. Son affirmation a été reprise par la chaîne Al-Jazeera, qui avait décrété ces marches comme étant “autorisées”. Nombreux étaient les Algériens qui croyaient dur comme fer que les marches étaient autorisées. Certes, les affirmations de Soltani n'ont pas été démenties par le gouvernement, mais le bon sens aurait voulu que des marches, d'une telle ampleur, soient encadrées par des partis ou associations dûment identifiés, qu'elles aient, au préalable, un itinéraire bien tracé, communiqué aux services de sécurité afin que ces derniers prennent les mesures nécessaires, que ce soit sur le plan sécuritaire, ou celui relatif au détournement de la circulation routière. Or, ce qui s'est passé ce vendredi, du moins à Alger, relève de l'irresponsabilité politique. Bouguerra Soltani avait pris le soin d'aller animer un meeting à Sétif et un autre à Oum El-Bouaghi. Ses militants et cadres étaient absents des marches organisées au sortir des mosquées algéroises. Pourtant, c'est ce même Soltani qui criait, lundi dernier, lors du meeting de l'Alliance présidentielle, organisé à la Maison du peuple, que “nous allons marcher”. Ses alliés n'ont, de toute façon, pas fait mieux. Abdelaziz Belkhadem, fervent défenseur des causes islamistes, a préféré animer un meeting à Bouira. Louisa Hanoune a, quant à elle, complètement zappé l'événement, préférant tenir la réunion du comité central de son parti en ce vendredi particulier. Les autres partis islamistes agréés ont fait de même. Le leader d'El Islah, Djahid Younsi, était à Mostaganem, alors que le leader d'Ennahda, Fateh Rebaï, était, lui, à Mila. C'est comme si toute la classe politique s'était mise d'accord pour déserter les rues d'Alger et les livrer à l'anarchie. Ces partis, décriés par l'opinion publique, notamment lors des élections législatives de 2007 avec un taux d'abstention des plus élevés dans l'histoire de l'Algérie, auraient pu, au moins, faire acte de présence lors des marches tenues à Alger. Il n'en fut rien. Ils n'ont même pas eu l'audace de prévenir les gens que les marches à Alger étaient toujours interdites. La nature, ayant horreur du vide, ce sont les autres qui ont pris le relais. Et parmi ces autres, il y a les salafistes, exclus de la vie politique officielle, mais aussi et surtout les nombreux jeunes marginaux habitués aux violences dans les stades et pour qui une marche ou un meeting constitue une aubaine, une de plus, pour faire du grabuge. Azzeddine Bensouiah