“C'est un appel solennel que je lance aux banques privées afin de cesser de faire du commerce et de prendre le pari d'accompagner quelques projets d'investissement”, dira Benachenhou. Les banques privées étrangères installées en Algérie devront augmenter leur capital afin de s'orienter sur le financement des investissements, tel que souhaité par le gouvernement. “On leur a récemment demandé de le faire, car il y a du travail pour elles”, a indiqué, hier, en marge de la 36e Foire internationale, M. Benachenhou, qui s'exprimait devant des ambassadeurs et des représentants de firmes étrangères. “C'est un appel solennel que je lance aux banques privées afin de cesser de faire du commerce et de prendre le pari d'accompagner quelques projets d'investissement”, dira-t-il. D'autant, ajoute-t-il, que certaines d'entre elles appartiennent à de grands groupes et, par conséquent, laisse-t-il entendre dans son rappel à l'ordre — plus que jamais justifié —, les ressources nécessaires ne peuvent faire défaut. Dans ce message, on ne peut plus clair, la société Générale algérie ou BNP Paribas El-djazaïr, qui ont opté pour une sous-capitalisation “réglementaire” se confinant dans une position de limitation de risque, leur stratégie de groupe doit, dans ce sens, plus que jamais se manifester dans l'élan souhaité par le ministre. Selon lui, cette démarche pourrait notamment profiter aux sociétés étrangères qui souhaiteraient financer “une partie de leurs projets par des fonds locaux”. Dans un constat franc, M. Benachenhou n'omettra pas de reconnaître que “les banques publiques n'accompagnent pas assez l'investisseur étranger” et de promettre qu'en dépit de leur liquidité “courte”, elles seront néanmoins impliquées, mais de manière sélective dans le financement du partenariat ; des investisseurs étrangers pourront solliciter leur ressources. Décodée, l'indication du ministre veut bannir toute discrimination face à l'acte d'accès à la ressource bancaire, entre investisseur national et étranger. Outre la redéfinition des rôles et la responsabilisation de la communauté bancaire dans l'effort de relance, le ministre soulignera la détermination du gouvernement à instaurer une discipline d'affaires, notamment par le biais de ce qu'il a qualifié de “sécurité financière”. “Ces questions, le gouvernement les prend très au sérieux. Le président de la république y attache le plus grand intérêt”, men-tionne le ministre pour lequel “la Banque d'algérie et le gouvernement travaillent main dans la main”. D'où le renforcement des capacités de gestion du risque qu'il faut mettre en place, en citant notamment le caractère nouvellement répressif de l'ordonnance relative au contrôle des changes et des mouvements de capitaux. Car, rappelle-t-il, l'ouverture du secteur sensible de la finance doit être gérée suivant certaines règles. En ce sens où un tel passage génère toujours des risques, explique le ministre avant d'évoquer, sans gêne aucune, le cas de Khalifa, qualifié de cataclysme. C'est dans le cadre de la sécurité financière que le retrait d'agrément a eu lieu par la commission bancaire, souligne le ministre sans omettre de féliciter, au passage, l'administrateur qui a eu à gérer cette affaire. Signal fort et rassurant en direction des partenaires de l'algérie : le gouvernement s'engage à honorer certains paiements au bénéfice de fournisseurs étrangers qui étaient engagés dans des affaires de commerce extérieur par le biais de Khalifa, mais que la décision de suspension des opérations de transfert avait surpris à la fin de novembre dernier. Un engagement qui sera défini sous l'autorité du liquidateur de cette banque. Un autre signe qui consiste à suggérer la valeur de la signature du pays vis-à-vis de ses partenaires et à endiguer la méfiance sur tout agrément de banque officiellement délivré. “Le gouvernement garantira la solvabilité extérieure du pays”, rappelle-t-il en soulignant que “l'algérie n'a jamais eu un seul défaut de paiement”. Preuve de cette bonne solvabilité, selon le ministre, le liquidateur de Khalifa est “un cabinet respectable” qui sera accompagné par un bureau d'audit de renommée internationale, poursuit le ministre et ce, afin de souligner le sérieux dans le traitement de cette affaire. Le bureau d'audit que le ministre ne nommera pas —vraisemblablement KPMG — devra contre-signer les actes du liquidateur. Dans sa plaidoirie en faveur du marché algérien, le ministre des finances rappellera les chiffres de la stabilité économique du pays et les mesures d'incitation qui, selon lui, ont trouvé des échos favorables auprès de certaines entreprises étrangères dont le profit n'est plus à démontrer. A. W.