Des navires font l'aller-retour entre le port grec d'Astakos et le port israélien d'Ashdod depuis le début du mois. Il s'agit d'approvisionner l'armée israélienne qui, depuis 19 jours, soumet Gaza à un déluge de feu ininterrompu. Les munitions et armes sont transportées dans des navires marchands pour ne pas impliquer Le Pentagone ! Quelle hypocrisie quand on sait que le président Bush a généreusement donné durant ses deux mandats pas moins de 20 milliards de dollars à Sharon, puis à Olmert, au nom de la sacro-sainte sécurité des Israéliens et de la mauvaise conscience occidentale pour les pogroms, la shoah et tutti quanti. Le Pentagone n'a pas infirmé l'information tout en niant, dès vendredi 9 janvier, que ces armes avaient un lien avec la guerre à Gaza. Les généraux américains, qui ne sont pas à un mensonge près depuis la série en Irak, pendant et après son invasion-occupation, jurent que ces milliers de containers débarqués à Ashdod étaient destinés à des stocks américains en Israël. Un ravitaillement de routine, a déclaré le lieutenant-colonel Patrick Ryder, porte-parole du département d'Etat américain, qui a assuré que ces armes ne sont pas destinées à soutenir la situation actuelle à Gaza. Des mentions “matériel dangereux” figurent sur le carnet de bord d'un des navires, a dénoncé un courtier maritime, sous le couvert de l'anonymat, bouleversé par les armes utilisées par les Israéliens contre les Palestiniens de Gaza. Selon lui, 3 000 tonnes d'armes et de munitions sont transportées en un seul chargement. Le courtier, spécialisé dans le transport des armes, a ajouté ne pas avoir vu autant d'armes transportées sur le marché depuis des années ! Le fret est assuré par des navires battant pavillon allemand. Le Pentagone l'a reconnu, précisant que d'habitude, le transport de blindés et de fournitures militaires pour les forces armées américaines était assuré par sa propre flotte de bateaux. Pourquoi faire appel à un pavillon étranger ? Certainement pour ne pas être directement impliqué et pour ne pas être incriminé un jour devant une juridiction. Il reste qu'un premier navire allemand avait déjà acheminé une importante cargaison d'armes avant le début des opérations dans Gaza, depuis non pas une base militaire de Grèce mais de Sunny Point, en Caroline du Nord, une importante région du complexe militaro-industriel américain. Le navire a acheminé sur le port israélien 989 conteneurs qui, selon des documents de courtage, contenaient des explosifs. Des courtiers maritimes à Londres, spécialisés dans les convoyages d'armes pour l'armée britannique ou l'armée américaine, ont précisé que ce genre de livraisons à Israël sont rares. Ce qui a fait dire à un expert des questions militaires, à Londres toujours, qu'en raison du calendrier, cet acheminement d'armes ne pouvait être destiné que pour l'offensive contre Gaza. Le Jérusalem Post, un quotidien d'Israël, a rapporté la semaine dernière qu'une première cargaison de missiles était arrivée début décembre et que ces armes avaient été utilisées pour détruire les sites souterrains à partir desquels Hamas tirait des roquettes contre le sud d'Israël. Washington se fait d'autant plus discret sur ce sujet de livraison d'armes qu'Israël est en train d'utiliser de nouveaux matériaux de destruction massive. Deux médecins norvégiens soupçonnent l'Etat hébreu d'utiliser une nouvelle génération d'explosifs. Gaza semble être utilisée comme un “laboratoire d'essais”, ont-ils estimé après un séjour de dix jours dans l'enclave palestinienne. Cette arme peu connue est appelée Dime (Dense Inert Metal Explosive) et produit une explosion très puissante sur un rayon limité. L'armée israélienne a utilisé pour la première fois ce type d'armes en 2006, lors de sa guerre contre le Hezbollah au Liban. Les armes Dime combinent un explosif, des particules de carbone et une poudre d'un alliage de métaux lourds et de tungstène. Les médecins norvégiens ont cité des études selon lesquelles les blessures provoquées par les armes Dime peuvent provoquer des cancers mortels en quelques mois. Le tungstène sert à contenir le souffle de l'explosion dans un rayon relativement restreint afin de limiter les dommages collatéraux. Mais Gaza est un mouchoir de poche, c'est la zone la plus peuplée dans le monde, 4 000 habitants au km2. Israël ne peut pas dire qu'elle ne le savait pas. Crime de guerre, génocide et épuration de populations, les mots ne suffisent pas pour dénoncer la boucherie israélienne. D. Bouatta