Jeudi dernier, la galerie Noun a accueilli l'artiste peintre et calligraphe algérien, Rachid Koraïchi, pour la présentation du beau livre, les Ancêtres liés aux étoiles (paru en coédition chez Acte Sud et Barzakh). En fait, ce catalogue retrace l'installation de cet artiste, une installation de 99 étendards qui font référence aux 99 noms suprêmes de Dieu. Mis à part cette référence au Grand Créateur, ces étendards sont également porteurs d'une histoire, celle d'une famille, une dynastie, d'une grande lignée descendant du Prophète. La genèse de ce travail remonte au désir de Koraïchi de “reconstruire” les origines de sa famille. Ce minutieux travail – il a retracé l'arbre généalogique familial, remontant ancêtre par ancêtre – a finalement abouti à une exposition. Un travail de couleur et de tissage d'où le titre de l'installation les Ancêtres sont liés aux étoiles. De plus, le choix de ce titre n'est pas fortuit. Selon Koraïchi, un de ces ancêtres avait dit : “Chaque humain qui vit sur terre a son étoile dans le ciel.” Phrase très significative, dans le sens où elle démontre que l'être humain est en étroite osmose avec son cosmos. Cependant, une question peut tarauder notre esprit : pourquoi avoir choisi l'étendard comme support ? Tout simplement parce que ce dernier est la représentation du sacré. Il est en rapport avec la foi, l'invisible. Dans la tradition familiale de la dynastie des Koraïchi (appartenant à une zaouïa à Temassine), il était normal de recevoir en “offrande” des étendards, que les fidèles accrochaient aux murs de la zaouïa. Et même s'ils se détérioraient avec le temps, il était inconcevable de les jeter à la poubelle et ce, pour la “lourde” représentativité qu'ils véhiculaient… A travers ce minutieux travail, Koraïchi a mis en relief l'image intègre des signes graphiques qui, même s'ils sont, la plupart du temps, indéchiffrables, sont chargés de sens et dégagent une esthétique agréable au regard. Par ailleurs, cette installation est aussi un hommage au soufisme. Un travail entre la mémoire et le quotidien, un va-et-vient entre l'ancien et le nouveau. De part cette œuvre, l'artiste a mis en valeur les constantes de la foi, de la religion, de la paix, de la tolérance. C'est également un travail de lucidité, de lumière qui met en exergue l'envie de l'artiste de montrer aux “gens” ce qu'il ressent. Les ancêtres sont liés aux étoiles est un hommage au Créateur, au solennel, au sacré, à la mémoire, et à cette culture arabo-musulmane si riche, si constante... C'est un travail sur l'identité, le symbole et la subtilité du signe. Amine IDJER (Les Ancêtres liés aux étoiles de Rachid Koraïchi et Ferrante Ferranti, éditions Actes Sud et Barzakh 2008, 3200 DA)