Le ministère des Affaires étrangères, celui de la Solidarité et le Croissant-Rouge algérien ont conjugué leurs efforts pour rapatrier les ressortissants algériens résidant en Palestine. Cinq Algériennes et quinze enfants ont réussi à rejoindre le territoire national, jeudi dernier, après avoir vécu pendant plus de deux semaines sous la menace des bombardements israéliens sur la bande de Gaza. Le ministère des Affaires étrangères, celui de la Solidarité et le Croissant-Rouge algérien ont conjugué leurs efforts pour rapatrier les ressortissants algériens résidant en Palestine. Selon un cadre du département dirigé par Djamel Ould Abbès, l'opération a pris du retard car, au départ, les épouses ne voulaient pas partir en laissant derrière elles leurs conjoints de nationalité palestinienne. Il semblerait que les autorités égyptiennes ont délivré des autorisations aux étrangers leur permettant de traverser leurs frontières avec les territoires occupés mais ont refusé de laisser passer les Palestiniens, au motif qu'il n'est pas admis “d'encourager une fuite massive de la population locale”. Ils ont néanmoins concédé des dérogations aux mineurs, dont l'un des parents est un ressortissant étranger. C'est à cet égard que cinq mères algériennes, parmi lesquelles une Algérienne qui a perdu son mari palestinien (un officier de police) dans une attaque israélienne, sont parvenues à ramener, avec elles au pays, leurs enfants. “Toutes les dispositions ont été prises pour les rapatrier. Les services consulaires ont préparé aux enfants les documents officiels (passeports algériens, ndlr) pour régulariser leur situation.” Il s'est avéré plus facile, dans une première phase, d'assurer le retour en Algérie des familles qui habitaient près des frontières palestino-égyptiennes. Des espaces ont été aménagés à Dar-Errahma pour accueillir les personnes qui n'ont plus de proches en Algérie. “Nous avons vécu une situation identique lors des attaques israéliennes contre le Liban. Certaines familles vivaient depuis tellement longtemps là-bas qu'elles n'avaient plus personne ici. Finalement, tous les Algériens, rentrés jeudi de Gaza, ont rejoint leurs familles”, nous a expliqué notre interlocuteur. Actuellement, 36 Algériens sont en attente de leur rapatriement. “Pour aller de Gaza à Rafa, il leur faut traverser une zone dangereuse. Nous examinons les possibilités de leur cheminement vers les frontières avec les organisations humanitaires internationales, dont le CICR. Le cessez-le-feu de ce dimanche est une opportunité”, a-t-il indiqué. À vrai dire, l'action des autorités nationales et du Croissant-Rouge algérien a été grandement facilitée par la promptitude d'une ressortissante algérienne à prendre en main le sort de ses concitoyennes, quasiment toutes mariées à des Palestiniens, en les persuadant de quitter Gaza, ne serait-ce que pour sortir leurs enfants de l'enfer de la guerre. “Spontanément, elle nous a appelés pour nous proposer de servir de relais avec les familles algériennes vivant à Gaza. Elle les a contactées une à une pour les inciter à retourner au pays. Elle et son mari palestinien ont hébergé, dans leur domicile, 14 familles”, raconte Mme Tayebi, psychologue au Croissant-Rouge algérien. La démarche n'est pas aisée. Même si les parents consentent à se séparer, les enfants sont souvent réfractaires à leur départ de Gaza sans le père. “Il y a le cas de 3 adolescents, âgés de 19, 16 et 10 ans, qui ne veulent pas partir, malgré l'insistance de leurs parents. La situation est délicate”, rapporte notre interlocutrice. Depuis le début de l'agression de l'armée israélienne le 27 décembre dernier, la praticienne du C-RA apporte, par téléphone, un soutien psychologique aux familles algériennes bloquées à Gaza. “Le fait de les appeler, de leur parler, de les écouter leur fait beaucoup de bien. À chaque fois, les mamans font part de leur souci des problèmes psychologiques auxquels sont exposés leurs gosses.” Ceux qui reviennent en Algérie devront suivre une thérapie pour transcender les crises d'angoisse et autres traumatismes causés par les horreurs commises par l'armée israélienne sur la population civile de l'enclave de Gaza. Souhila HammadI