Au niveau du ministère des Affaires étrangères, on ne semble pas près de se prononcer sur ce cas qui discrédite le corps de la diplomatie algérienne. Plus de dix jours se sont déjà écoulés depuis le “coup de force” manqué contre la direction du parti du Front de libération nationale sans que le ministère des Affaires étrangères, gravement éclaboussé par l'implication franche et déclarée de Abdelkader Hadjar, réagisse. L'ambassadeur d'Algérie en Iran, principal instigateur de la contestation contre le secrétaire général du FLN, est allé hier loin dans ses propos en déclarant qu'il “ne repartirait pas à Téhéran avant la destitution de Ali Benflis” de son poste. Au niveau du ministère, on affirme que “M. Belkhadem est officiellement en déplacement et qu'il ne rentrera pas de sitôt”. C'est du moins la réponse d'un responsable du cabinet du ministre. Il faut savoir que M. Hadjar dépend du ministère des Affaires étrangères et que, de ce point de vue, son retour à Alger sans l'accord de la hiérarchie et son refus de rejoindre son poste avant le départ de l'actuel secrétaire général du FLN posent réellement un problème de prérogatives, d'une part, et de respect des lois de la République, d'autre part. Alors qu'il est question de la construction d'un Etat de droit, les agissements de Abdelkader Hadjar remettent gravement en cause tout le discours officiel appelant le citoyen à prendre conscience de l'importance des lois de la République. Il est vrai que la présidentielle de 2004 aiguise tous les appétits aussi bien de ceux qui entendent appuyer la candidature de Abdelaziz Bouteflika pour un second mandat que ceux qui cherchent à se placer dans la course vers le palais d'El-Mouradia. Cependant, cela ne doit pas, du moins en théorie, se faire aux dépens des institutions. Du coup, Abdelaziz Belkhadem est interpellé pour se prononcer sur ce que les observateurs qualifient désormais d'“affaire Hadjar”, car au-delà du fait qu'elle constitue un grave précédent dans les annales de la diplomatie algérienne qui, pourtant, avait acquis une bonne image au niveau diplomatique, elle achève de discréditer le département du MAE qui, dépourvu de prérogatives réelles depuis l'élection de 1999, n'arrive plus à assumer ses missions. S. T.