Encore une fois, le Maroc revient à la charge sur la question de réouverture de sa frontière avec l'Algérie par la voix de son ministre des Affaires étrangères, sans pour autant proposer du concret, contrairement à Alger qui demande un traitement global, autour d'une table, du contentieux existant entre les deux pays. Saisissant l'occasion du déroulement de la réunion des chefs de la diplomatie des cinq pays de l'Union du Maghreb arabe à Tripoli, le ministre marocain des Affaires étrangères, Taieb Fassi Fihri, a déclaré que le Maroc souhaitait une “normalisation au plus tôt” de ses relations avec l'Algérie ainsi que l'ouverture de la frontière entre les deux pays, fermée depuis 1994. Le chef de la diplomatie marocaine affirmera : “Nous caressons tous l'espoir au Maroc que la possibilité d'une normalisation avec l'Algérie puisse se faire au plus tôt et dans les meilleurs délais.” Revenant sur la principale raison du blocage des relations algéro-marocaines et de l'Union du Maghreb arabe, à savoir le conflit du Sahara occidental, il dira : “Nous proposons depuis plus de trois ans que le conflit du Sahara évolue aux Nations unies et que ce problème n'ait plus d'impact direct sur les relations bilatérales ou sur les perspectives de construction de l'UMA.” Versant des larmes de crocodile sur l'immobilité de l'UMA, Taieb Fassi Fihri déplore que “vingt ans déjà depuis la création de l'UMA et nous évoquons encore les perspectives de la création d'une zone de libre-échange, alors que les frontières demeurent fermées entre l'Algérie et le Maroc”. Allant plus loin dans son raisonnement, il ajoutera : “C'est une solution gagnant-gagnant à tous les niveaux.” Reste à savoir qu'est-ce qu'il entend par l'expression “gagnant-gagnant”. C'est probablement le Maroc qui sera le grand gagnant dans cette affaire de réouverture des frontières, pour laquelle Rabat ne rate aucune occasion pour revenir à la charge, alors que c'est lui qui en a provoqué la fermeture en 1994 suite aux attentats terroristes de Marrakech, qu'il a voulu coûte que coûte imputer à l'Algérie. Il n'en demeure pas moins qu'Alger a une position claire sur cette question des frontières, qu'il considère comme faisant partie d'un certain nombre de conflits en suspens, dont la question de spoliation des terres d'Algériens résidant au Maroc, qu'il faut résoudre dans un cadre global autour d'une table. Mais les responsables marocains n'ont jamais daigné répondre officiellement à cette proposition pragmatique qui a été formulée officiellement par le ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Nourreddine Yazid Zerhouni. Ils se limitent à mettre à profit les réunions régionales ou internationales pour harceler l'Algérie avec la réouverture des frontières seulement, en affirmant que cette situation va à l'encontre des statuts de l'UMA. Mais il n'échappe à personne que la fermeture des frontières a eu des répercussions économiques négatives sur le Maroc oriental, dont la population avait une grande activité commerciale avec l'ouest de l'Algérie en temps normal, d'où cette insistance de Rabat à forcer la main à Alger. Cela étant, les ministres maghrébins des Affaires étrangères ont examiné, lors de cette rencontre présidée par la Libye, président en exercice de l'UMA, nombre de questions relatives aux réalisations accomplies par l'UMA sur les plans économique, culturel et social et la position des cinq Etats membres quant aux développements survenus sur les scènes arabe et méditerranéenne. Ils ont insisté sur l'impératif d'impulser une forte dynamique à l'action maghrébine commune, d'accélérer le rythme d'édification maghrébine et de parachever la dynamisation et la relance des structures de l'UMA sur la base d'une approche précise qui tienne compte de la communauté de destin. Merzak Tigrine