Contrairement à la première journée où les déclarations inaugurales appelaient à la réconciliation interarabe, hier, les dirigeants arabes ont éprouvé toutes les peines du monde à s'entendre sur un communiqué commun sanctionnant ce sommet économique et social de la Ligue arabe. Les souverains, chefs d'Etat et de gouvernement arabes se sont retrouvés hier face à leurs vieux démons, dès qu'il a fallu arrêter une position commune sur la situation dans le monde arabe. En effet, les chefs de la diplomatie des pays membres de la Ligue arabe ont été les premiers à faire le constat que les divergences sur de nombreux points étaient encore là. Ils en étaient encore au stade des divisions sur le conflit de Gaza peu avant la clôture du sommet à Koweït, après avoir laissé apparaître la veille un semblant de rapprochement sur cette question. C'est dire l'importance de ces divergences, qui ont empêché les ministres arabes des Affaires étrangères à se mettre d'accord sur le texte d'un communiqué final consacré au conflit de Gaza. Hoshyar Zebari, le chef de la diplomatie irakienne, a indiqué : “Nous avons tenu une réunion à huis clos pour discuter du communiqué final sur Gaza”. Et d'ajouter : “Nous ne sommes pas parvenus à un résultat à cause d'un manque de temps et de certaines positions.” “Compte tenu des circonstances, tout le monde était supposé faire des concessions au nom de la réconciliation arabe”, a-t-il notamment regretté. Ce désaccord est à l'origine de l'énorme retard de la séance de clôture du sommet, qui devait normalement débuter à 11h30 locales (08h30 GMT) mais qui a commencé plus de deux heures plus tard. Pourtant, la veille, le roi Abdallah d'Arabie Saoudite et le président égyptien Hosni Moubarak avaient pourtant rencontré le président syrien Bachar al-Assad et l'émir du Qatar, cheikh Hamad ben Khalifa al-Thani, pour tenter de mettre fin tant bien que mal aux divisions. “C'est une réconciliation” entre les quatre pays, avait alors déclaré à la chaîne satellitaire Al-Jazeera le Premier ministre qatari, cheikh Hamad ben Jassem al-Thani, en soulignant que : “Les dirigeants sont animés d'intentions sincères pour une franche réconciliation.” Dans le même sillage, le roi Abdallah d'Arabie Saoudite déclarait dans son discours à l'ouverture des travaux du sommet : “Nous devons dépasser les divergences politiques arabes ayant conduit à des divisions interarabes (....) qu'exploitent tous ceux qui veulent réaliser leurs desseins régionaux.” Pour bien illustrer que le stade des divergences était loin d'être dépassé, les dirigeants des vingt-deux pays membres de la Ligue arabe se sont engagés à “apporter toute forme de soutien au peuple palestinien”, sans pour autant réussir à s'entendre sur la création d'un fonds pour la reconstruction de Gaza. “Les dirigeants arabes s'engagent à apporter toute forme de soutien (...) à la reconstruction de Gaza et se félicitent des contributions annoncées jusqu'à présent”, indiquait le communiqué final, lequel ne fait aucune référence aux mécanismes de la reconstruction du territoire palestinien ravagé par vingt-deux jours d'offensive israélienne. Apparemment, les divergences politiques sont trop profondes pour être réglées en un laps de temps aussi court, et de surcroît lors d'un sommet réservé à l'économie. M. T.