La Centrale syndicale s'est déclarée surprise de la position et du traitement qu'il a réservé aux doléances de la société égyptienne. Au moment où les usagers du téléphone, notamment mobile s'attendaient à ce que l'ouverture du secteur des télécommunications entraîne systématiquement et naturellement une baisse des prix et à une amélioration du service public, mal leur en pris. Ils se sont heurtés, en revanche, sur le terrain, à l'effet inverse de la démonopolisation. Par rapport à celle adoptée du temps du monopole, la tarification pratiquée aujourd'hui, a quasiment doublé et la qualité de service laisse à désirer… Cette situation qui prévaut dans le secteur de la téléphonie mobile, entre l'entreprise publique Algérie-Télécom et la société égyptienne Orascom inquiète sérieusement la Centrale syndicale. L'UGTA sort ses griffes et interpelle le ministre de tutelle et le Chef du gouvernement. En effet, et dans une longue diatribe signée par le secrétaire national chargé des affaires économiques, l'Union générale des travailleurs algériens s'est déclarée surprise et stupéfaite de la réaction de l'autorité de régulation des télécommunications par rapport à la saisine d'Orascom. La société égyptienne a saisi, rappelons-le, l'organisme de M. Amar Tou pour dénoncer la politique des prix pratiqués par Algérie-Télécom et encore moins considérée comme une concurrence déloyale. Pis, l'Ota s'est permis d'exiger, via l'autorité de régulation de l'opérateur public, une augmentation des tarifs pour qu'ils soient alignés sur ceux d'Orascom. Le plus curieux dans cette affaire, comme l'a souligné la Centrale syndicale, est la position et le traitement réservé par Amar Tou aux “doléances” de l'opérateur égyptien. Au lieu d'assumer pleinement son rôle d'arbitrage, “l'autorité de régulation s'est rangée dans le camp d'une partie aux dépens de l'autre”, écrit la Centrale syndicale dans le communiqué transmis, hier, à Liberté. Le chargé des affaires économiques relève encore dans le même écrit : “l'ARTP, au lieu de veiller sur le respect des règles de la concurrence et au lieu de demander à Orascom d'étayer sa demande par des arguments, instruit Algérie-Télécom de justifier sa politique des prix.” Signalons au passage que les prix pratiqués jusque-là par Algérie-Télécom sont nettement moins chers que ceux adoptés par l'opérateur égyptien. La différence est simplement de double. Devant ce cas de figure, l'UGTA condamne ces pratiques et demande l'arrêt des pressions sur les entreprises publics : “Algérie-Télécom a prouvé qu'elle est apte à faire face à la concurrence tout en fournissant un meilleur service public. Mieux encore, cette entreprise est capable de préserver le service public pour ne pas laisser le champ libre aux opérateurs étrangers qui, comme tout un chacun le sait, privilégiaient le profit aux dépens du service public.” L'interpellation du gouvernement ne se limite pas uniquement, dit-on, à intervenir auprès de l'ARTP, à reprendre sa vocation initiale de “régulateur, mais plutôt à favoriser la logique de service public sur la logique de profit”. Tout en s'interrogeant sur les garde-fous que le gouvernement devait mettre en place avant de lancer toute réforme de démonopolisation et parer à toute éventuelle dérive, l'UGTA attire l'attention de “l'ensemble des travailleurs et de toute l'opinion publique sur ce grand danger qui met en péril les entreprises publiques”. L'exemple des dolé-ances d'Orascom a fortement inspiré la Centrale syndicale pour parler d'éventuelles pressions qui, au nom de la loi sur la concurrence et de la démonopolisation, seront exercées sur Sonelgaz pour augmenter ses tarifs de gaz et d'électricité. Contacté par nos soins, le directeur de l'information au niveau d'Orascom, M. Hamid Grine, a affirmé que l'OTA a saisi officiellement l'autorité de régulation des télécommunications et de la poste par deux requêtes contre Algérie-Télécom. La première est liée au recouvrement des créances de l'ordre de 1 milliard de dinars au titre d'interconnexion qu'Algérie-Télécom doit à Orascom. La seconde traite de la concurrence déloyale que pratique l'opérateur public sur le marché. Pour la société égyptienne, l'ARTP reste une institution officielle et légale. M. Grine conclue en disant : “Nous faisons entièrement confiance à l'ARTP pour décider comme elle entendra.” R. H.