Demander à un Français résidant et créateur d'entreprises en Algérie de donner son avis sur l'environnement économique induit un double regard puisqu'il doit avoir la retenue de l'observateur étranger et l'engagement de l'acteur local. Le fait que Pigier soit un opérateur économique dans le domaine de la formation professionnelle induit aussi une implication forte dans le monde de l'entreprise. Ces remarques préliminaires étant faites, il convient, pour apprécier l'environnement économique d'un pays, d'en regarder les composantes : Le marché : Chacun s'accorde à dire qu'il est énorme dans quasiment tous les domaines. Pour celui qui veut investir et travailler, les possibilités sont multiples. Dans le secteur de la formation, l'offre est insuffisante quantitativement : en 2005, 11,9% seulement du programme global de formation continue a été réalisé dans le pays. D'immenses chantiers de formation sont ouverts tels que celui sur le nouveau système comptable. Même si l'origine des bénéficiaires est déséquilibrée (elle provient à 80% d'entreprises publiques), l'évolution est en route : le secteur privé a aussi compris que la formation est un investissement. Les clients : Pigier en a deux catégories : l'entreprise qui paie et le stagiaire qui est formé. L'entreprise : Les services formation se structurent peu à peu et le niveau de compétence s'accroît rapidement. Les incidents de paiement sont rares. Les stagiaires : Leur attente est forte. Ils ont soif d'apprendre mais ils veulent une formation de qualité. Le désir d'un diplôme plus ou moins mérité, plus ou moins valable, est peu à peu remplacé par celui d'apprendre quelque chose de concret et d'utile pour exercer un métier. Entreprise et stagiaires ont bien compris qu'investir dans la formation, c'est conjuguer au présent mais aussi au futur le souci des hommes et le souci des résultats. Le secteur bancaire : Très décrié lui aussi. Pour nous, c'est un secteur très demandeur de formation, donc en pleine mutation. À titre personnel, clients d'une banque algérienne, nous ne pouvons que nous féliciter de sa collaboration. Notre banquier a toujours répondu présent en cas de besoin. L'administration : Il est de bon ton de la critiquer. Pour notre part, notre perception est différente. L'autorité de tutelle, le ministère de la Formation professionnelle a toujours été à notre écoute et soucieux de faire bouger les choses. Les formalités administratives peuvent parfois prendre du temps mais cela ne peut servir d'excuse. Ce n'est qu'une composante des éléments prévisionnels du chef d'entreprise comme le froid dans les pays scandinaves, les distances aux Etats-Unis ou les grèves dans certains pays européens. Les autorités de contrôle font leur travail de manière consciencieuse et adaptée aux moyens dont ils disposent. Deux remarques pour clore ce chapitre administratif. Nous n'avons pas été confrontés au problème de la chipa ; peut-être parce que sans corrupteurs, il n'y a pas de corrompus. Plus le citoyen essaie de frauder, plus il contribue à développer la lourdeur administrative. Ces quelques lignes montrent qu'il y a toujours deux façons d'aborder le contenu d'un verre : à moitié vide, ou à moitié plein. En outre, parler des trains qui arrivent à l'heure ne passionne pas les foules. Les jugements hâtifs sont toujours dangereux : on moquait hier un budget bâti sur un baril à 30 dollars. Aujourd'hui, cette prudence devient sagesse. Les banques algériennes étaient isolées du monde financier international. Cette faiblesse est devenue un atout pour échapper aux errements des subprimes. La crise internationale touchera à terme l'Algérie par le ralentissement des investissements étrangers. C'est pourquoi, Français de naissance, mais Algérien de cœur et de résidence, je voudrais paraphraser pour mes nouveaux concitoyens ce que J. F. Kennedy disait pour les USA : “Avant de vous demander ce que l'Algérie peut faire pour vous, demandez-vous ce que vous pouvez faire pour l'Algérie.” G. L.