Aux yeux du conférencier, la solution réside dans le changement du régime politique et non dans le changement dans le régime, le changement de politique et non dans la continuité de la politique. Maître Ali Yahia Abdenour, président de la ligue algérienne des droits de l'homme (LADDH), a appelé, jeudi passé, à partir de Annaba, au boycott de l'élection présidentielle d'avril prochain. Dans une conférence de presse, animée en marge d'une table ronde organisée au siège de la LADDH de Annaba, dont le thème porte sur “le rôle de la société civile au cours des élections libres”, Me Ali Yahia a indiqué que “le chemin de la libération et de la démocratie n'est pas celui de la participation à une élection, dont les résultats sont closes avant même d'avoir commencé, mais celui de l'abstention, du boycott qui est une arme efficace”. Pour le président de LADDH, la fraude électorale massive est une vieille tradition coloniale amplifiée depuis l'indépendance du pays. Elle est bel est bien intégrée dans les mœurs politiques du pays, puisque celle-ci est au rendez-vous, à chaque scrutin. “L'algérien donc ne peut avoir des droits, là où il n'est pas élevé d'abord à la dignité de citoyen et non de sujet”, abonde l'orateur. À ce sujet, il a ajouté que le peuple algérien n'a pas encore conquis le droit de décider de son destin, de ses choix électoraux par des élections libres. “Détourner la volonté populaire est un gangstérisme politique”, a-t-il dit. Et d'ajouter : “tant les règles d'une élection honnête, libre et transparente ne sont pas encore respectées, participer, c'est servir d'alibi, de caution et d'otage au pouvoir.” D'ailleurs, devant cette situation plus que difficile, le pouvoir n'a pas les coudées franches. Ces tentatives de crédibiliser ce rendez-vous par des candidatures de la trempe de l'ex-président Liamine Zeroual ont été vouées à l'échec. Ce dernier, qui a été approché, a refusé de participer à un jeu dont il jouera le lièvre. Il aurait déclaré, selon l'avocat Yahia Abdenour : “je ne me porterais pas candidat dans une élection où je jouerais les lièvres.” Ainsi, à deux jours de l'annonce officielle de la candidature de Bouteflika, les organisateurs du troisième mandat n'ont toujours pas arrivé à le “crédibiliser”. Ils se contenteront certainement de quelques lièvres de faible envergure politique dont Touati du AHD 54. Aux yeux de Me Ali Yahia Abdenour, la solution réside dans le changement de régime politique et non dans le changement dans le régime, le changement de politique et non dans la continuité de la politique. Sinon, a-t-il averti, “les islamistes extrémistes qui tentent aujourd'hui de profiter de la situation, au même titre que les modérés, prendront le pouvoir dans 10 dix à 15 ans”. Fidèle à ses positions, le défenseur des droits de l'homme rappelle, enfin, qu'il est contre le troisième mandat car “le fruit est mûri et va tomber”, en reprenant l'expression de Mouloud Hamrouche. B. BADIS