Jusqu'à hier soir, aucun des responsables locaux de la police et de la gendarmerie n'était joignable pour recueillir leurs opinions respectives sur la rixe sanglante de jeudi soir, et ce, malgré les nombreuses tentatives des journalistes. Ces derniers n'ont pas pu en savoir plus sur les lieux mêmes du tragique incident. Retour sur le site qui abrite la buvette… Les habitants du quartier de Sidi-Salem, où une altercation violente entre un gendarme et un policier, suivie d'une agression au moyen d'une arme à feu, a eu lieu jeudi dans la soirée, ne sont guère ravis de ce qui s'est passé devant leurs portes. Les résidents de cette populeuse cité, en plus de déplorer le fait que des buvettes clandestines sont transformées en boîtes de nuit par la volonté de leurs tenanciers, ont crié hier leur amertume de constater qu'au nombre de la clientèle de ces lieux de débauche se comptent même des représentants des forces de sécurité. “C'est lamentable ! Et on s'étonne que les gens n'aient pas confiance en la police qui n'est jamais là quand ils en ont besoin”, s'offusque ce père de famille qui habite un des logements RHP proches de la baraque où a eu lieu l'incident et que nous avons abordé au café du coin. Renchérissant, ce quinquagénaire ajoutera comme pour charger les deux mis en cause : “C'est triste de le dire, mais les voisins ont, à plusieurs reprises, dénoncé ces atteintes quotidiennes à la pudeur qui se commettent pratiquement sous leurs yeux tous les jours. Ils ne savaient pas que même des policiers et des gendarmes fréquentent les “mahchachate” du quartier. Nous espérons du fond du cœur que leurs supérieurs leur enlèvent leur uniforme.” Son voisin de table n'est guère plus tendre envers la clientèle interlope de la buvette où l'affrontement sanglant a eu lieu : “Nous aurions souhaité qu'il y ait eu plus de dégâts, comme ça on aurait été débarrassé de cette racaille une bonne fois pour toutes. En tout cas, ce qui est arrivé était prévisible à voir le comportement des habitués de ce lieu de débauche.” Les autres habitants que nous avons contactés se sont montrés moins communicatifs à propos de l'incident de cette soirée de jeudi, mais leur désapprobation était perceptible. Pour certains, l'esclandre, même si elle a été accompagnée d'une fusillade, n'est pas un événement en soi car des bagarres auraient souvent lieu la nuit dans cette partie de la cité supposée réservée à des commerces de ferraille. Le reste préfère se confiner dans le silence de peur certainement d'avoir à témoigner de ce qu'ils ont entendu ou vu. “Yahfedhek l'mim yahfedhek ! (traduire par garde le silence, il te protégera)”, nous rétorquera un jeune sans trop s'attarder en notre compagnie. Cette consigne tacite est apparemment observée scrupuleusement par les corps constitués eux-mêmes, au niveau de la sûreté de wilaya et du groupement de gendarmerie, d'ailleurs. Il a, en effet, été impossible de savoir ce qui s'est passé réellement à l'intérieur de la buvette et surtout les dispositions prises par les hiérarchies respectives des deux antagonistes, aucun des responsables locaux des deux corps n'étant joignable. Nous avons pu apprendre, toutefois, de sources proches de l'instance judiciaire que des sanctions très sévères seront prises contre le gendarme et le policier impliqués dans cette rixe sanglante. Le membre du GIR étant encore en salle de réanimation au niveau du CHU de Annaba, le policier actuellement en garde à vue sera de toute évidence le seul à être présenté devant le parquet d'El-Hadjar, territorialement compétent, nous assure-t-on. B. Badis