L'étude de faisabilité du projet engagée par le ministère des Transports en collaboration avec le constructeur français devrait être finalisée en mars prochain. Le projet d'installation d'une unité d'assemblage des tramways en Algérie, la première du genre en Afrique et dans le monde arabe, demeure selon les résultats de la commission ministérielle mise en place afin d'élaborer une étude permettant d'identifier les conditions de concrétisation d'une telle idée. Les résultats de cette réflexion entamée il y a quelques semaines devraient être connus au mois de mars prochain, comme prévu entre les responsables du ministère des Transports et ceux de la société française Alstom, un des plus grands opérateurs de l'industrie ferroviaire. C'est ce que nous a indiqué le responsable de la communication du groupe Alstom Transport pour l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient, M. Eric Lenoir, lors de la visite effectuée mercredi dernier à Reichshoffen, le cœur battant de la société située près de Strasbourg, dans le nord-est de la France. Les contacts entrepris entre les deux parties au mois de novembre dernier avec l'organisation au plus haut niveau d'une réunion à Alger sur le projet ont abouti à la mise en place de cette commission chargée d'élaborer une étude technico-économique sur l'opportunité, la faisabilité et la rentabilité d'une telle installation. Cette étude devrait ainsi élaborer plusieurs scénarii en prenant en compte le site appelé à recevoir l'unité de montage et ses caractéristiques, la présence d'éventuels fournisseurs pour un certain nombre de prestations, la disponibilité d'une main-d'œuvre qualifiée, la législation algérienne en matière d'investissement étranger et bien d'autres paramètres. “Il s'agit d'une étude à plusieurs inconnues. Différents sites ont été visités à Alger et à Annaba pour sélectionner celui qui accueillera le projet. La commission doit vérifier si le site est pré-équipé, s'il a un passé dans l'industrie ferroviaire et s'il existe une main-d'œuvre qualifiée”, souligne M. Lenoir à propos des paramètres qui président à la désignation du site. Mais les responsables d'Alstom semblent observer une certaine prudence quant à un engagement sans condition dans un tel projet. “Nous cherchons un équilibre entre la demande des autorités algériennes et la rentabilisation de l'usine”, soutient notre interlocuteur. Même s'ils ne le disent pas de manière claire, ce que cherche le groupe français c'est une sorte d'assurance qu'il soit impliqué d'une manière ou d'une autre dans les futurs projets de tramways algériens envisagés pour les autres villes du pays. Car si l'on se réfère aux déclarations des responsables d'Alstom, la construction des rames destinées aux tramways d'Alger, d'Oran et de Constantine sont déjà prises en charge par les sites de production du groupe à la Rochelle, pour celui d'Alger, et Barcelone pour les deux autres. Autrement dit, ce qui pourrait motiver Alstom à aller de l'avant pour la réalisation de l'unité d'assemblage, c'est une présence du groupe dans les marchés à venir du tramway. Reste à définir la formule à travers laquelle cela pourrait se concrétiser sans qu'il y ait une quelconque atteinte au code des marchés publics. Cela pourrait prendre la forme d'une joint-venture entre l'opérateur français et une entité algérienne publique ou privée à désigner. Cette expérience a apparemment donné des résultats probants dans un projet de ce type en Chine et portant sur la construction de trains régionaux. En tout, le constructeur français semble dans une position plus ou moins confortable pour négocier le contrat puisque la demande pour un tel projet émane du gouvernement algérien. “S'il y avait un partenaire local, ce serait l'idéal”, estime M. Lenoir qui insiste sur le fait que c'est la première implantation de ce genre en Afrique et au Moyen-Orient. Pourquoi, cette absence d'unités de montage du groupe dans la région ? Pour les responsables d'Alstom, le besoin ne s'est pas exprimé en raison de l'absence de projets de tram, de métro ou de trains dans la région. Mais la situation semble commencer à changer du fait que plusieurs pays d'Afrique du Nord et particulièrement l'Algérie ont engagé ces dernières années des investissements importants dans le ferroviaire. Une situation qui a amené l'opérateur français à effectuer un revirement dans sa politique à l'international avec un engagement plus soutenu en Russie, Chine, Inde et Brésil alors que son centre de rayonnement était restreint, il y a seulement quelques années dans l'Hexagone. H. S.