Finalement, l'enterrement des deux victimes a eu lieu. Les autorités locales, le wali en tête, ont tenu à déployer un dispositif sécuritaire des plus impressionnants pour sécuriser la ville et permettre aux funérailles de se dérouler dans le calme. Le wali et le chef de daïra, indésirables par la population mozabite, ne feront pas le déplacement au cimetière. Ils seront représentés par le président de l'APC. La ville de Berriane aura vécu toute la journée sur les rumeurs de l'enterrement des deux victimes des derniers affrontements. Les deux communautés étaient, dès les premières heures, aux aguets. Chacune épiait les mouvements de l'autre et la moindre provocation pouvait donner lieu à la reprise des affrontements. Déjà la veille, quelques échauffourées ont été enregistrées dans la ville, mais elles furent vite dispersées par l'imposant dispositif sécuritaire déployé dans toute la ville et autour des points de démarcation entre les deux communautés. Quelques jeunes se sont amusés à jeter avec des lance-pierres, des morceaux de ferraille sur les policiers, mais sans gravité. Au centre-ville, la vie reprenait timidement son cours, avec la réouverture des commerces. Les agents communaux s'affairaient à déblayer les débris et à enlever les traces de ces trois dernières journées. Finalement, l'enterrement des deux victimes a eu lieu. Les autorités locales, le wali en tête, ont tenu à déployer un dispositif sécuritaire des plus impressionnants pour sécuriser la ville et permettre aux funérailles de se dérouler dans le calme. Le wali et le chef de daïra, indésirables par la population mozabite, ne feront pas le déplacement au cimetière. Ils seront représentés par le président de l'APC. Au siège de la daïra, le wali arrive discrètement, reçoit les familles des deux victimes, avec leurs enfants, pour leur présenter ses condoléances et leur assurer que l'Etat ne les abandonnerait pas. “C'est pour nous solidariser avec la population que nous sommes ici”, nous dira le wali de Ghardaïa. Tout en dénonçant ces actes de violence, il affirmera que “l'Etat ne se dérobera pas de ses responsabilités quant à la garantie de la sécurité.” Le wali se veut rassurant : “L'Etat n'oubliera pas ces orphelins et ces victimes. Ces funérailles nous peinent. Ce sont nos enfants que nous venons de perdre.” Le wali annoncera le retour du ministre délégué chargé des Collectivités locales dans la région la semaine prochaine pour y rencontrer les représentants des deux communautés et écouter leurs propositions de sortie de crise. Le wali précisera que la commune de Berriane a déjà accompli un pas considérable en matière de développement local et qu'elle devrait bénéficier de nouveaux programmes de développement. Pendant ce temps, dans le cimetière mozabite de la ville, une foule immense, toute de blanc vêtue, drapeaux nationaux bien déployés, enterrait dans la dignité les deux victimes des derniers affrontements. Dehors, dans les quartiers arabes, une foule nombreuse est agglutinée et guette la moindre provocation de l'autre partie. Dans les ruelles de la ville, des graffitis sont encore visibles : “Vive les Arabes” pour les uns, “Vous avez votre religion, nous avons la nôtre” pour les autres. La tension reste vive, même si tout le monde affirme que cette violence doit cesser et qu'il faudrait trouver un terrain d'entente pour que les deux communautés cessent de s'affronter à chaque fois. A. B.