Il est vrai que le mot fait peur, que notre ministre de l'Intérieur, dans un souci responsable de relativiser et de calmer les choses, préfère parler d'affrontements entre des jeunes de deux quartiers, mais force est d'admettre que le phénomène tient plus du communautarisme. La ville de Berriane a connu hier une journée relativement calme. Un calme sur fond de tension à couper au couteau. Signe que le risque d'une nouvelle flambée est toujours présent. Cependant, le maillage de la ville par les forces de sécurité dépêchées sur les lieux est suffisamment dissuasif pour annihiler de nouvelles velléités d'affrontements. Mais pour combien de temps ce dispositif sécuritaire exceptionnel sera-t-il maintenu sur place ? Et au-delà de ce qui se passe en ce moment, jusqu'à quand faut-il avoir systématiquement recours à la force publique pour stabiliser cette région du M'zab, en proie depuis plusieurs années à des irruptions cycliques de violence ? Ces questionnements nous renvoient en fait à la quintessence même du problème de cette région. Et le fait que le brasier se rallume de manière épisodique est une preuve que les solutions mises en œuvre jusque-là par les autorités ont échoué. À Berriane, il ne s'agit pas d'un cas de violence classique entre des bandes rivales, comme on le constate dans certaines villes, et qui nécessite un traitement policier. Traitement qui, toujours, s'accompagne d'un appel aux sages des deux communautés antagoniques. Il est vrai que le mot fait peur, que notre ministre de l'Intérieur, dans un souci responsable de relativiser et de calmer les choses, préfère parler d'affrontements entre des jeunes de deux quartiers, mais force est d'admettre que le phénomène tient plus du communautarisme. D'un côté, des ibadites qui tiennent à leur mode de vie et à leurs traditions séculaires qui fondent leur particularisme. De l'autre, des citoyens originaires du nord du pays pour la plupart, que les vicissitudes socioéconomiques ont amenés à s'installer dans cette ville, avec aussi leur façon de vivre. Dans le cas de Berriane, on est en présence d'un télescopage entre ces deux “habitus”. D'où la nécessité d'une approche sociologique du phénomène pour cerner les ressorts profonds de cette violence récurrente. En d'autres termes, il faut un vrai diagnostic pour une vraie solution. Une solution définitive qui, outre qu'elle évitera toute effusion de sang à l'avenir, fera l'économie de l'envoi des troupes et rétablira la stabilité dans cette région. O. O.