Il y a deux éléments dans la conjoncture actuelle qui concourent à un afflux relativement plus important des investissements arabes en Algérie. Le premier est évidemment la crise internationale qui agite le monde occidental, et les investisseurs arabes, échaudés par le peu de fiabilité de leurs investissements en Occident, ont fini par perdre 45 milliards de dollars, une très basse hypothèse, selon des experts avertis et au fait des chemins tortueux de la finance internationale. De plus, la récession a abouti à un début de désinvestissement des entreprises de l'économie réelle. La consommation dans les pays occidentaux n'a pas suivi les multiples plans de relance, et les fermetures d'usines qui ébauchent à tout rompre, ce n'est pas à proprement parler une incitation à l'investissement arabe. L'Algérie devient alors un terrain tout trouvé pour le placement d'une bonne partie des capitaux arabes, surtout que le secteur bancaire présente l'avantage paradoxal d'être faiblement externalisé, donc peu réceptif aux soubresauts financiers sur la scène mondiale. Deuxième élément, l'Algérie a pu diversifier son commerce, malgré la domination historique de l'Europe. Il faut remarquer que l'Algérie a quand même diversifié ses importations, une diversification dans des petits créneaux qui a profité à des fournisseurs non traditionnels, comme la Turquie, les pays arabes et l'Asie. Même la domination européenne parmi les fournisseurs de l'Algérie a qualitativement changé, la place de la France étant contrebalancée par la vigueur des fournisseurs italiens et allemands, pays où dominent la petite et moyenne entreprises. Aussi, la diversification de ce commerce a profité à celle de l'investissement étranger, tant il est vrai que pour des partenaires qui ne se connaissent pas, de bonnes relations commerciales favorisent l'investissement dans une phase ultérieure, car le commerce favorise les courants d'échanges, une bonne connaissance du terrain et, par la suite, une bonne évaluation des opportunités. La Zone arabe de libre-échange devrait d'ailleurs favoriser ce courant qui, aussi surprenant que cela puisse paraître, est dû d'abord aux hommes d'affaires qui ont su sentir le vent venir. Aussi, les investissements arabes en Algérie sont-ils davantage dus à un courant d'affaires, commercial à l'origine, économiquement moins pollué par la politique et potentiellement porteur. Les opportunités ne manquent pas pour les investisseurs arabes, et la réciproque également pour peu que les opérateurs locaux ne se confinent pas à la défense de parts de marché interne : parmi ces opportunités, l'Algérie a de nombreuses entrées en Afrique grâce à un investissement politique et diplomatique qui remonte à des décennies. Enfin, c'est une preuve supplémentaire de la pertinence du gisement de la coopération Sud-Sud, un slogan politique au début des années 1980 et, aujourd'hui, un courant d'échanges plein de vitalité et de diversité, et une bien meilleure conscience et appréhension des intérêts mutuels. M. H.