Alors que son incroyable brûlot sur le retour du FIS n'a pas encore refroidi, il nous ressert une méprisante formule digne d'un apprenti dictateur : “Qu'on vote ou qu'on s'abstienne, le Président sera élu.” Si Aboudjerra Soltani buvait, on aurait mis ses déclarations sur le compte de l'ivresse. Car en insinuant que Bouteflika pouvait être élu, avec ou sans abstention, il vient une nouvelle fois de plomber l'ambiance pré-électorale. Les courtisans ont toujours cette fâcheuse tendance à en faire trop lorsqu'ils veulent briller. Aboudjerra Soltani, ministre d'état, conseiller du Président, dont la fonction réelle dans le gouvernement demeure un mystère, doit apprendre que la qualité première d'un homme politique n'est parfois pas son verbiage, mais ses silences. Or, Soltani est dans une forme olympique. À la recherche de charisme depuis la mort de Nahnah, le leader du MSP porte l'alpaga, mais n'a pas l'étoffe d'un politicien. Alors que son incroyable brûlot sur le retour du FIS n'a pas encore refroidi, il nous ressert une méprisante formule digne d'un apprenti dictateur : “Qu'on vote ou qu'on s'abstienne, le Président sera élu.” Alors que les stratèges électoraux sont en train de réfléchir au meilleur moyen de mobiliser un électorat versatile et épuisé par les élections à répétition, alors que la prochaine élection présidentielle est aussi stimulante qu'un match de division d'honneur et que l'abstention est sans nul doute l'obstacle majeur à la réussite du scrutin du 9 avril, M. Soltani met son grain de sel en invitant les algériens à ne pas aller voter. Aller aux urnes, qui est le devoir civique suprême, se transforme dans la bouche de Soltani comme une formalité administrative. Est-ce à dire que le leader du MSP va mobiliser à lui tout seul 20 millions d'électeurs ? Possible dans la mesure que, pour lui, “la mouvance islamiste est la seule capable de mobiliser la rue”. Une autre énormité qui suppose que l'islamisme est le seul moteur politique de ce pays et qu'on dehors de ça, démocrates, républicains ou nationalistes sont inexistants et qu'il ne sera pas utile d'aller voter puisque les amis de Soltani vont s'en charger. Au-delà de cette confiscation classique des islamistes de tous les enjeux électoraux, il serait agréable aux algériens de ne pas subir d'autres désagréments que de laisser la parole à des personnes comme Soltani. Et s'il arrive à ne pas s'exprimer d'ici le 9 avril, il est même possible que j'aille voter. M. B.