Les services du CTC n'ont toujours pas inspecté les lieux. La peur s'installe. Le danger aussi. Ils ne savent plus s'ils doivent rire ou en pleurer. Le personnel de la poste de Bab El-Oued se surprend, chaque matin, à se demander si la bâtisse de cinq étages qui les abrite ne cédera pas. Les répliques ont certes sensiblement diminué, en nombre et en intensité, mais la menace de l'effondrement demeure. Elle demeure parce que la poste a subi d'importantes fissurations, à l'intérieur et à l'extérieur des bureaux, lors du séisme du 21 mai. Les employés continuent d'assurer le service, presque comme ils le faisaient avant. Ils ne peuvent néanmoins vaquer sans fixer, au fil des minutes, des heures et des jours, les multiples embrasures murales qui semblent désormais les observer. Leur établissement n'est plus tout à fait le même. Le violent tremblement de terre a modifié son visage ; il en a fait un lieu sinistré, déjà vieilli par les fissures en dépit de son âge récent (il a été mis en service à l'aube de la dernière décennie). “Regardez-les, ils bossent comme si de rien n'était. Ils peuvent évidemment accepter de risquer ainsi leur vie, mais ont-ils le droit de mettre celle des autres en péril ?”, s'interrogeait, il y a quelques jours, un vieux citoyen de Bab El-Oued. La réponse du personnel est sans appel : “Nous sommes là pour les usagers. Imaginez le nombre de retraités qui perçoivent leurs mandats ici, les citoyens qui viennent déposer ou retirer leur argent, ce serait indécent de les laisser tomber.” Pourtant, aux premiers jours qui ont suivi le séisme, une idée, aussi naïve que légitime, a germé dans certains esprits. L'idée, revendicative et syndicale, d'observer une action de protestation auprès des autorités concernées. Malgré leur courage, les employés ont conscience du danger qu'ils encourent. Ils voulaient donc lancer des signaux d'alarme. Tous ensemble, ils ont décidé de contribuer, à leur façon, à redonner espoir, à vaincre la peur en continuant à travailler. Ensemble, ils ont songé à exprimer leurs craintes, d'autant que les services du Contrôle technique de construction (CTC) ne se sont, à ce jour, pas manifestés. Et ensemble, ils y ont renoncé, préférant afficher leur professionnalisme en attendant que prime la raison. “Oui, je suis là et je serai encore là. Nous espérons tout de même que le CTC nous rassure”, témoigne un des employés, sinistré y compris dans sa maison. Il passe ses nuits entre l'une des mosquées de Bab El-Oued et les refuges de ses proches et amis. “Nous savons qu'il doit y avoir des cas plus graves que notre poste et nous comprenons que les services du CTC soient débordés. Nous aurions quand même aimé qu'une expertise soit réalisée afin de conforter nos employés”, affirme le receveur de la poste. Mohamed Habel ne veut en rien dramatiser. Mais chacune de ses tendres paroles est un cri de détresse, un appel à l'aide. “Sa” poste est menacée, les faux-plafonds de certains bureaux se sont affaissés, des panneaux se sont détachés, quelques guichets, notamment celui faisant office de caisse, risque de se détacher à la moindre secousse. “Au lendemain du séisme, nous avons pu effectuer une première visite au sous-sol et constaté que l'ossature ne présentait pas de danger. La journée d'après, une délégation territoriale de nos services est venue faire le tour des lieux. Nous avons par la suite fait venir un technicien de l'urbanisme, lequel a recommandé des travaux de maçonnerie”, raconte-t-il. Mohamed Habel commente : “Les fissurations (que nous avons constatées) sont très importantes ; les conditions de travail sont pénibles et certains panneaux menacent de s'écrouler.” La poste de Bab El-Oued supporte un immeuble de cinq étages. Elle constitue donc les fragiles fondations de cette construction récente. Hier, le wali de Bab El-Oued, M. Kadi, poursuivait ses tournées dans les quartiers de sa daïra, qui n'a pas été déclarée zone sinistrée. Dans un immeuble de la rue Aït-Amar, ex-rue Curie, il a ordonné l'évacuation de certains appartements. Accompagné d'agents du CTC et de l'urbanisme, il a initié cette opération pour “réconforter les citoyens et prendre des décisions”. Ceux dont les habitations ne présentent pas de risque ont été priés d'y retourner alors que les familles menacées ont été informées de la nécessité de déménager provisoirement. Elles auront le choix de s'inscrire pour les centres de transit ou de trouver refuge chez des proches ou parents. Leurs cas seront étudiés selon leurs fiches, “en attendant que les décisions définitives soient prises, tenant compte de critères stricts”. La poste attendra. L. B. CITE CFPA DE BORDJ EL-BAHRI Les habitants attendent toujours le CTC Les habitants de la cité CFPA (Bt 1, 2, 3 et 4) viennent de saisir officiellement les autorités locales pour faire appel aux services du CTC. Dans sa correspondance adressée à notre rédaction (accompagnée d'une pétition), les plaignants estiment que le CTC doit intervenir pour mettre fin au suspense qui dure depuis la deuxième réplique qui a suivi la secousse du 21 mai dernier. Actuellement, ces familles ont aménagé des tentes de fortune et attendent à ce que les autorités concernées se prononcent définitivement sur leur cas. F. B. APPEL AUX PRATICIENS Le Dr Gourari de la DSP de Boumerdès invite tous les praticiens de la wilaya, victimes du séisme, de se rapprocher de la Direction de la santé pour établir un recensement et éventuellement arrêter des mesures en leur faveur.