Le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a exhorté, lundi soir, les pays de l'UE à éviter de recourir au protectionnisme face à la crise, au moment où la France fait l'objet de critiques en ce sens avec son plan d'aide à l'automobile. “Il est très important qu'au plus haut niveau nous gardions une approche commune qui respecte les principes de l'Union européenne et que nous résistions à la tentation du protectionnisme, tant vis-à-vis de l'extérieur que de l'intérieur, toutes les formes de protectionnisme”, a-t-il dit. Il s'exprimait lors d'une conférence de presse à l'issue d'une rencontre avec le Premier ministre suédois, Fredrik Reinfeldt, à Bruxelles. Il n'a pas évoqué de cas particulier. Mais le chef de l'Etat français, Nicolas Sarkozy, a été accusé par la présidence tchèque de l'UE de céder aux sirènes protectionnistes avec son plan d'aide au secteur automobile national, dévoilé lundi, qui conditionne certaines aides au maintien de l'activité dans le pays. Prague s'est aussi insurgé après que le chef de l'Etat eut dénoncé les délocalisations automobiles de groupes français en République tchèque. Le Premier ministre tchèque, Mirek Topolanek, a encore critiqué, lundi à Prague, “les dernières démarches et déclarations sélectives et protectionnistes, faites entre autres par le président français Nicolas Sarkozy”. La ministre française de l'Economie, Christine Lagarde, a rejeté ce reproche, lundi soir à Bruxelles, où elle a participé à une réunion avec ses collègues de la zone euro. “Il n'y a pas de relent protectionniste” dans le plan automobile, a-t-elle dit aux journalistes. “Il y a le souci de vraiment se focaliser sur la recherche, le développement, la qualité de nos véhicules automobiles et puis les contreparties qui ont été négociées avec les constructeurs, et qui prévoient notamment qu'il n'y ait pas de fermetures de sites et que les constructeurs fassent tout leur possible pour éviter des licenciements”, a-t-elle ajouté. Un autre danger menace de nouveau l'Europe : le chacun pour soi des différents pays face à la crise. “Je sais que, parfois, en temps de crise, il y a des tendances à vouloir agir de manière isolée. C'est une erreur. Nous voulons que l'UE à 27 (pays) soit aussi unie que possible” et agisse avec une “approche commune”, a souligné à ce sujet M. Barroso. Prague a annoncé, lundi, son intention de convoquer un sommet extraordinaire d'ici la fin du mois des chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE sur la crise économique, qui aura pour objectif de resserrer les rangs.