Avec une quantité estimée à 3 milliards de litres par an, l'Algérie occupe la première place au Maghreb en matière de consommation de lait. Cependant, le taux de couverture par la production locale n'est que de 40%. Le reste est importé sous forme de poudre de lait. L'Algérie se place ainsi au troisième rang mondial en matière d'importation de lait et de produits laitiers, après l'Italie et le Mexique. Le recours à l'importation est d'autant plus nécessaire, lorsque l'on sait que le taux de la collecte du lait dans le pays demeure faible, voire insignifiant, ne dépassant pas 10 à 15% de la traite. Selon les spécialistes du domaine, ce dysfonctionnement s'explique par le manque de technicité chez les éleveurs algériens, notamment en matière de machine agricole, leur incapacité à développer de grands élevages et le peu de productivité de l'élevage au niveau des exploitations laitières. La croissance de la production de lait cru n'a pas pu suivre celle des capacités de transformation dans l'industrie. L'intervention de l'Etat, au niveau de la filière, a porté essentiellement sur un élargissement du marché par des mesures de soutien des prix à la consommation, négligeant ainsi l'intensification de la production laitière en amont, estiment les mêmes spécialistes. Outre l'incapacité de ces éleveurs à réduire les coûts de la production, la flambée des prix de la poudre de lait sur le marché mondial est venue se greffer à tous ces problèmes en créant une véritable situation de crise pour la filière laitière en Algérie. En effet, depuis le quatrième trimestre 2006, le marché mondial du lait en poudre subit des changements importants liés à la combinaison de multiples facteurs : baisse de la production mondiale, hausse de la demande et mise en œuvre de nouvelles politiques commerciales. Les prix de la poudre de lait ont ainsi atteint un taux d'augmentation de 60% passant de 1100 dollars la tonne à 2900 dollars, alors que le prix administré du sachet d'un litre est resté inchangé, soit à 25 DA. Selon les producteurs algériens, la perte est estimée à 13 DA le litre, soit près de 650 000 DA pour une production journalière moyenne de 50 000 l. C'est la raison pour laquelle ces producteurs, dont 65% sont issus du secteur privé, demandent aujourd'hui un réajustement et une révision à la hausse du prix administré. Ils estiment que le prix réel devrait être fixé à 38 DA le litre.