Une autre note vient s'ajouter à la partition contre l'élection présidentielle, prévue le 9 avril prochain. Après l'ex-président de la République, Liamine Zeroual, Abdellah Djaballah et le RCD, c'est au tour du FFS de Hocine Aït Ahmed d'annoncer son refus de participer à ce qui est perçu comme une symphonie monocorde et unanimiste. “Aujourd'hui, le boycott de ce scrutin est un acte révolutionnaire. Boycotter, c'est aimer son pays, c'est avoir des ambitions pour son pays”, a estimé, jeudi à Alger, le premier secrétaire national du FFS dans son allocution d'ouverture de la session ordinaire du conseil national du parti. Le boycott, vocable introduit dans le jargon politique national par le FFS, le quatrième pour ce parti depuis les premières élections pluralistes du pays en 1995, est motivé essentiellement par l'absence de garanties de transparence et de neutralité de l'administration. “S'agissant du scrutin présidentiel, les jeux sont faits. Les institutions et l'administration sont sur le pied de guerre. Tous les réseaux, que ce soit les partis, les associations, les syndicats, la presse inféodée au pouvoir, les comités de soutien, les walis, les chefs de daïra, les prébendiers et les opportunistes de tout poil sont mobilisés pour cadenasser, fermer et légaliser ce scrutin”, soutient Karim Tabbou, face aux membres du conseil national, dans la salle sobre du siège du parti. Un décor qui contrastait singulièrement avec le faste de la coupole où le président Bouteflika devait annoncer sa candidature quelques heures plus tard. Une candidature au sujet de laquelle on a entretenu un “vrai/faux suspense”, selon Tabbou. Pour le FFS, le peuple algérien, disposé à réinvestir la politique, est à la recherche d'un projet alternatif et mobilisateur. “Le refus de son enrôlement dans cette mascarade est un signe fort de dissidence électorale et de rupture avec le système actuel”, soutient-il. “Aujourd'hui, le pays ne doit pas désarmer face aux forces de la décadence, de la régression et de l'aliénation. Les Algériennes et les Algériens doivent se mobiliser pour barrer la route à la dictature des opportunistes et aux bradeurs du pays. Ils doivent dire non au désespoir, non à la résignation, non aux mensonges et non aux mascarades”, ajoute le FFS dans la résolution politique qui a sanctionné les travaux. Plus que jamais, à ses yeux, les enjeux aujourd'hui sont plutôt la réhabilitation du politique, le changement du régime actuel et la mise en œuvre d'une stratégie capable de réunir les facteurs “internes et externes” indispensables à la concrétisation de ce changement. Une stratégie qui doit se construire dans la transparence et avec les véritables forces du changement. “Il n'y a plus rien à attendre du régime, le changement vient de la société”, clame Karim Tabbou. Par ailleurs, il a fustigé l'attitude du président Nicolas Sarkozy pour qui l'équation algérienne se réduit à choisir entre Bouteflika et un régime des talibans, ignorant la mouvance démocratique qui ne s'inscrit ni avec l'un ni avec l'autre. “Comment peut-il concilier sa position de défenseur acharné d'une limitation des mandats en France et avaliser le coup de force constitutionnel en Algérie ?” s'interroge Tabbou. “Cela confine au racisme politique”, dit-il, non sans ajouter que l'UPM (Union pour la Méditerranée) est fondée sur “la complicité et la compromission avec les dictatures”. En revanche, il a salué les changements opérés en Amérique latine et l'arrivée d'Obama à la Maison-Blanche. Mais l'Amérique, c'est si loin… Karim Kebir