Les dirigeants des six pays de la région du Sahel (Mali, Burkina Faso, Niger, Algérie, Libye et Tchad) participeront demain à Bamako à un sommet sur la sécurité et la paix dans la bande sahélo-saharienne. Ce Sommet devrait voir la présence de la plupart des dirigeants de la région, selon une source proche du ministère malien des Affaires étrangères. Maintes fois reportée, cette rencontre au sommet traitera, outre la question de la sécurité dans la région, de la problématique de développement économique dans la région, seule solution à même d'endiguer les trafics transfrontaliers (armes, contrebande et émigration clandestine). Le thème principal du Sommet de Bamako traitera de la sécurité dans cette sous-région sujette à un double défi en la matière : les conflits entre les Touaregs et les gouvernements centraux, notamment au Mali, et la menace terroriste représentée par le réseau Al-Qaïda pour le Maghreb islamique qui utilise cette vaste contrée désertique pour le trafic d'armes, mais aussi pour perpétrer quelques actions spectaculaires (rapt de touristes européens). Si, pour la question de la rébellion touareg, des efforts diplomatiques ont été déployés, notamment par l'Algérie, qui a grandement contribué à réunir les parties en conflit, pour mettre fin à la violence au nord du Mali, il n'en demeure pas moins que, pour ce qui est de la menace terroriste, des efforts sont entrepris par les pays de la région pour empêcher le transit des groupes terroristes. Des réunions d'experts dans la lutte antiterroriste se tiennent régulièrement. La dernière en date a eu lieu à Alger, au siège du Centre africain d'études et de recherches sur le terrorisme, au début du mois de décembre dernier et avait comme thème le financement du terrorisme en Afrique du Nord et en Afrique de l'Ouest. La nature de la région du Sahel, caractérisée par des frontières désertiques difficilement contrôlables, fait d'elle une zone privilégiée pour tous genres de trafic. À la contrebande et à l'émigration clandestine est venue s'ajouter le phénomène du terrorisme qui utilise les voies des contrebandiers pour acheminer les armes vers les maquis d'Al-Qaïda au nord de l'Algérie, mais aussi en Mauritanie. Les étendues désertiques du Ténéré servent également de base de repli pour les groupes terroristes. Pour ce qui est de la rébellion touareg au nord du Mali, la médiation algérienne a porté ses fruits. Plus de 500 éléments armés de l'Alliance démocratique pour le changement au nord du Mali ont déposé, hier à Kidal (nord du Mali), les armes et intégré le processus de paix conformément à l'accord signé à Alger en juillet 2006. La cérémonie de remise symbolique des armes et des munitions s'est déroulée en présence du facilitateur algérien, l'ambassadeur d'Algérie à Bamako, Abdelkrim Ghrieb, et du ministre malien de l'Admi-nistration territoriale et des Collectivités locales, le général Kafougouna Koné. Au cours de cette cérémonie, le rôle de l'Algérie et les efforts de son président, pour le retour de la paix au nord du Mali, ont été hautement salués. M. Ghrieb a, dans une allocution, souligné qu'“aujourd'hui, un nouveau pas décisif, sur le chemin de la concrétisation des engagements que nous avons solidement souscrit dans le cadre de l'accord d'Alger, a été enregistré”. “Cet acte est également la traduction de la volonté inébranlable de mon pays l'Algérie et de son Président qui n'a ménagé aucun effort pour aider le peuple frère du Mali à retrouver le chemin de la paix, de la stabilité et du développement”, a-t-il ajouté. Cette bonne nouvelle, qui intervient à la veille du Sommet de Bamako, devrait permettre aux dirigeants de la région d'appréhender l'avenir sous de meilleurs auspices. D'autant plus que les défis qui l'attendent sont immenses, notamment en matière de développement économique et d'intégration régionale, seules voies pour garantir la stabilité dans la région et pour endiguer le phénomène d'émigration clandestine. Azzeddine Bensouiah