En géographie, Ichelathen est un très beau village perché sur les hauteurs d'Akbou, nanti d'une splendeur panoramique féerique. Mais, dans le même temps, les budgets injectés par l'action publique peinent à prendre de la hauteur pour atteindre cette succession de petits villages accrochés au sommet de cette “colline oubliée”, pour reprendre le célèbre titre de Mouloud Mammeri. Tahar Maïbèche, le magistrat municipal, dénonce un budget “dérisoire”, alloué à cette commune qui compte près de 9 300 âmes. “Que faire des 3,2 milliards de centimes alloués au titre du PCD 2008, du 1,6 milliard de centimes accordé en FCCL et de 700 millions de centimes injectés par le budget de wilaya ?”, s'interroge-t-il. Face à ce maigre budget, les villages rattachés à cette commune affichent d'interminables besoins. Mine de rien, la mairie ne dispose même pas d'équipements de collecte des ordures. Un seul camion assure le ramassage des déchets qu'il dépose près de oued Soummam, livrant ainsi les eaux fluviales à un massacre écologique. Les villageois déposent leurs déchets dans des décharges sauvages qui pullulent ici et là. La direction de l'environnement a lancé une étude pour implanter un CET intercommunal. Un terrain a été même prévu à Amalou pour accueillir une telle structure. Un arrêté du wali a été promulgué mais l'ouvrage tarde à voir le jour. La commune a aussi besoin d'un camion chasse-neige. “On déneige avec des engins qui abîment la chaussée”, explique M. Maïbèche. Le budget de wilaya est entièrement consommé dans les charges de fonctionnement, les salaires du personnel et diverses dépenses. L'Etat a doté la commune de 3,5 milliards de centimes au titre d'une tranche dite de “première priorité” du PCD 2009. L'APC compte financer entre autres quelques petits projets : achever les chantiers du centre culturel et d'une salle de sport à Alma.Seule satisfaction des villageois : 18 km de chemins communaux ont été rénovés par la pose d'une couche de bitume. La commune dispose de terrains domaniaux et forestiers qu'elle veut récupérer pour favoriser l'investissement. “Beaucoup d'investisseurs nous ont sollicité. Un investisseur nous a proposé de réaliser un complexe sportif et touristique”, révèle M. Maïbèche. Un plan d'occupation du sol (POS) a été établi en 1996 avant d'être approuvé en 1998. L'actuelle assemblée veut le réviser. “Nous comptons faire participer les citoyens et les compétences locales pour voir ce que nous allons en faire. Toutes les idées sont les bienvenues pour peu qu'elles tiennent compte de trois aspects : prioriser le tourisme, respecter l'environnement et faire le plein en emplois”, insiste le maire. Mais le temps presse car le chômage est chronique et massif. Seuls 99 jeunes ont été embauchés via le filet social,15 autres placés dans le cadre du dispositif d'insertion DAIP et autant en PAIS. Dans le secteur de l'habitat, la commune a recensé 297 demandes de logements sociaux. Face à cette demande, l'offre est dérisoire. Seule l'OPGI a daigné réaliser des logements à Icheladhen. Mais l'office public n'a, jusque-là, livré que 20 logements. Une dizaine d'autres sont en chantier. Dans les villages, c'est l'autoconstruction qui bat son plein. “Nous avons enregistré 258 aides à la construction entre 2002 et 2008. Et, pour cette année 2009, nous avons eu 246 demandes d'aides et nos prévisions tablent sur 850 demandes d'aides d'ici à cinq ans”, explique le P/APC.Face aux rigueurs de l'hiver, les villages attendent désespérément le gaz de ville. Taux de raccordement au réseau de ce combustible naturel : zéro pour cent. La commune n'est pas mieux lotie que beaucoup de localités rattachées à une wilaya disposant d'un taux de raccordement des foyers au gaz ne dépassant pas les 17 %. “Nous avons saisi à deux reprises la Direction de l'énergie et des mines (DMI). La réponse a été la suivante : C'est dans notre programme. Nous leur disons à chaque fois oui mais quand ?”, précise le maire. Saïd L.