Après plus de dix jours de tractations consécutives aux dernières élections législatives, Israël frise la crise institutionnelle. La ministre des Affaires étrangères Tzipi Livni, arrivée en tête du scrutin avec son parti Kadima, en remportant 28 sièges contre 27 à Benjamin Netanyahu du Likoud, estime toujours qu'il lui appartient légitimement de former un gouvernement. Dans les faits, c'est ce dernier qui est plus à même de former une coalition. En effet, Benjamin Netanyahou peut compter sur l'appui de son parti avec ses 27 députés, les ultra-orthodoxes du Shass avec 11 députés, les religieux ultra-nationalistes comptant 7 élus, la Liste unifiée de la Torah qui en compte 5 et Israël Beïtenou, la grande surprise du scrutin avec ses 15 sièges. Cela lui fait 65 sièges, davantage que les 61 requis pour pouvoir gouverner. Pour sa part, Tzipi Livni ne pourra en fin de compte s'appuyer que sur les 28 députés de son propre parti. Les partis arabes (11 députés) et le Meretz de la gauche laïque (3) refusent, en effet, de s'associer avec les extrémistes de droite d'Israël Beïteinou, tandis que les Travaillistes (13) n'entendent faire partie d'aucune coalition, préférant s'inscrire dans l'opposition, après avoir enregistré la pire défaite de leur histoire. A première vue, les choses sont claires et Netanyahu est assuré d'être chef du prochain gouvernement. En réalité, ce n'est pas encore gagné pour lui et il n'est pas encore certain de revenir au pouvoir après l'avoir quitté il y a dix ans. Le responsable du doute qui plane encore sur l'identité du prochain chef du gouvernement israélien n'est autre qu'Avigdor Lieberman, leader d'Israël Beïteinou qui, avec ses 15 sièges, est devenu incontournable pour toute coalition, et ne cesse, de ce fait, de monter les enchères. Il a effectivement conditionné son soutien à Netanyahou par l'association de Livni au gouvernement. Or, cette dernière refuse d'entrer en coalition avec Netanyahou si ce n'est pas elle qui est désignée pour mener le gouvernement. Reçu en consultation par le président Shimon Peres, le chef de l'extrême droite a préconisé la désignation de Netanyahu, mais dans le cadre d'une coalition élargie et stable, avec Kadima et Israël Beïteinou, les autres partis pouvant s'y joindre plus tard s'ils le souhaitent. “Face aux défis économiques et à la menace iranienne, il faut un gouvernement qui inclut les trois plus grands partis”, a-t-il argumenté. Il a également préconisé à Netanyahu d'éviter la formation d'un gouvernement restreint qui n'inclurait que la droite et l'extrême droite tout comme il a demandé à Livni de renoncer à son idée de rotation, synonyme d'instabilité, selon lui. Le président Peres, qui a terminé ses consultations jeudi, devra annoncer son choix demain ou lundi. La loi ne lui imposant pas de désigner le vainqueur de l'élection, c'est sans doute Benjamin Netanyahu qui sera chargé de former un gouvernement. Il disposera alors de 28 à 42 jours pour ce faire. Et ce ne sera malheureusement pas le meilleur scénario pour engager le pays sur la voie d'un processus qui aboutisse à un Etat palestinien et à la paix dans la région.. M. A. Boumendil