Dans une conférence, animée jeudi à l'Ecole supérieure algérienne des affaires, le représentant diplomatique de l'Hexagone à Alger a affirmé que la nouvelle réforme budgétaire en Algérie s'inspire de celle menée en France visant à maîtriser les dépenses publiques. L'ambassadeur de France a estimé, jeudi, que la réforme de l'Etat en Algérie pourrait suivre le même cheminement que celui emprunté en France. Etant donné que l'administration algérienne “est très calquée” sur l'architecture administrative française, l'ambassadeur pense que “le cheminement intellectuel de la réforme en Algérie sera plus proche du cheminement des politiques de la réformes en France”. M. Xavier Driencourt a indiqué que le ministère algérien des Finances “est organisé exactement comme le ministère de l'Economie et des Finances français. Les administrations centrales sont les mêmes”. L'ambassadeur de France en Algérie a relevé que beaucoup de fonctionnaires algériens ont été formés en France. Des échanges multiples ont été organisés entre les administrations des Douanes, des impôts et des affaires étrangères algériennes et françaises. M. Xavier Driencourt a indiqué que la loi organique relative aux lois de finances (LOLF) votée en 2001 n'a été appliquée qu'en 2006. Cette réforme a pour objectif la maîtrise des dépenses publiques. Elle doit permettre d'accélérer les efforts de modernisation et de réaliser les économies indispensables au regard du niveau de la dette publique. C'est une nouvelle approche politique du budget de l'Etat en instaurant une culture budgétaire orientée vers les résultats plutôt que vers une logique de moyens. La finalité affichée est d'aboutir à un Etat plus efficace, avec des fonctionnaires moins nombreux mais mieux payés, et des usagers plus satisfaits. Vaste programme... L'ambassadeur de France à Alger parle d'une gouvernance budgétaire rénovée, à travers un pilotage pluriannuel du budget de l'Etat par les lois de programmes des finances publiques, un budget plus lisible et une responsabilité politique des ministres sur les politiques publiques. La nouvelle architecture du budget de l'Etat offre une lisibilité accrue de l'action publique. Le budget reflète mieux les grands choix de politique publique en matière d'emploi, d'éducation, de sécurité, de logement… Il permet aux agents de l'Etat d'avoir une meilleure vision de leur contribution à ces missions et aux contribuables de savoir à quoi sert l'argent de leurs impôts. Le Parlement a vu son rôle renforcé. Lors de l'examen du budget de l'Etat, les parlementaires ne discutaient vraiment que les dépenses nouvelles, soit 6% des crédits. Désormais, la totalité du budget est examinée, avec un vote pour chacune des missions. Les parlementaires seront également en mesure de contrôler l'efficacité de la dépense publique. Chaque année, l'administration devra expliquer ses objectifs et sa stratégie et rendre compte de son action, qui sera évaluée par des indicateurs précis. Interrogé en marge de la conférence sur le projet de loi sur l'indemnisation des essais nucléaires, l'ambassadeur affirme que le texte du gouvernement français présenté au Parlement ne prévoit aucune discrimination. En d'autres termes, même les Algériens sont concernés. Cependant, précise le diplomate, le texte original déposé par le gouvernement pourrait être modifié par le Parlement. Concernant l'affaire du diplomate algérien Hasseni, qui brouille les relations entre Paris et Alger, l'ambassadeur de France s'est contenté de dire que celle-ci “suit son cours”. “Je n'ai pas de nouvelles”, a ajouté M. Xavier Driencourt. Au sujet de la visite du président de la République M. Abdelaziz Bouteflika, l'ambassadeur de France renvoie les journalistes aux responsables suprêmes. “Ce sont eux qui décident”, a-t-il indiqué, en précisant que du côté français, ils sont “toujours prêts”. M. Xavier Driencourt a, par ailleurs, affirmé que le nombre de visas octroyés aux Algériens est en augmentation. “Il y a moins de visas qu'il y a dix ans, mais il y a plus de visas qu'il y a trois ans”, a souligné M. Xavier Driencourt, rappelant l'ouverture du consulat général à Oran. L'ambassadeur de France, contrairement à la déclaration de l'ambassadrice de l'Union européenne, soutient que l'Union pour la Méditerranée “n'est pas dans l'impasse”. M. Xavier Driencourt croit que l'ambassadrice a été mal comprise. “Il n'y a pas d'impasse”, a insisté l'ambassadeur, qualifiant le projet d'ambitieux destiné à générer des projets concrets, contrairement au processus de Barcelone. C'est un projet qui prendra du temps nécessairement. Meziane Rabhi