En vertu d'une directive émanant du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales, les étudiants hébergés en cité universitaire peuvent s'inscrire sur les listes électorales. La campagne contre l'abstention a commencé depuis plusieurs jours, impliquant ainsi différents secteurs. Après les affiches sur les murs, les SMS expédiés vers les portables, ainsi que les leçons de citoyenneté à l'école, c'est au tour des campus d'être la cible de cette campagne. Pour cette année, les étudiants résidant dans les cités universitaires auront la possibilité de s'inscrire sur les listes électorales et exercer leur droit de vote. Exceptionnellement, pour le scrutin du 9 avril, le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales a envoyé une directive, n°0252.25 datée du 25 janvier 2009, aux APC stipulant : “Dans le cadre des préparations du scrutin présidentiel et afin de faciliter l'acte électoral aux étudiants internes, il leur est permis de retirer les formulaires d'inscription sur les listes électorales de la commune de leur lieu de résidence universitaire”. À cet effet, des bureaux d'inscription sur les listes électorales ont été ouverts dans plusieurs cités U et des formulaires sont distribués, généralement, le soir au moment de l'ouverture du réfectoire. “Les opérations d'inscription se déroulent de manière tout à fait ordinaire. Cette décision permet aux étudiants résidant dans les cités U d'exercer leur droit électoral”,a déclaré d'emblée le directeur de la cité universitaire Taleb-Abderrahmane III à Ben Aknoun. Il indique, par ailleurs, que tout est pris en charge par l'APC, l'administration assure les locaux et fournit les documents d'hébergement des étudiants. Dans le cas où ils seraient inscrits sur d'autres listes électorales, plusieurs directeurs de résidence, ont expliqué “qu'ils seront automatiquement transférés ou radiés momentanément de leur liste de commune d'origine”. Radiation ou transfert momentané, les directeurs des cités U ne sont pas d'accord sur la terminologie de cet acte, ils disent, par ailleurs, ne pas connaître les détails et les techniques de ces opérations. En ce qui concerne le jour du scrutin, selon eux, il est fort possible que des urnes seront installées dans l'un des campus de Ben Aknoun. “La décision n'est pas encore tranchée, cela dépend du nombre d'étudiants inscrits sur les listes électorales mais l'idée d'ouvrir un bureau de vote au sein d'une résidence n'est pas exclue”, soulignent-ils. Même si cette directive est justifiée par le souci de faciliter l'acte électoral aux étudiants internes, elle est en contradiction avec la loi électorale article 6 : “Nul ne peut voter s'il n'est pas inscrit sur la liste électorale de la commune où se trouve son domicile”. Dans ce cas précis, il s'agit d'hébergement des étudiants non d'un changement de résidence. “C'est illogique. Comment je peux m'inscrire sur une liste électorale et voter à Alger, alors que je suis hébergé à la cité U et je n'ai même pas le droit d'obtenir un extrait de résidence pour renouveler ma carte nationale?”, s'interroge Lyès, étudiant en philosophie. Par ailleurs, s'il s'agit réellement d'une radiation des listes électorales, l'article 14 de la loi électorale prévoit les délais de changement. “Lors d'un changement de domicile, l'électeur inscrit sur une liste électorale sollicite sa radiation dans les trois mois qui suivent ce changement”. Cependant, une telle décision vise à multiplier le taux de participation au scrutin dans les grandes villes, notamment à la capitale, renommée pour ses records d'abstention. “Cette directive permet aux étudiants de s'inscrire sur les listes électorales et d'exercer leurs droits. Il s'agit d'une révision exceptionnellement des listes électorales”, explique M. Djoudi, chargé de communication du Parti des travailleurs (PT). Un avis qui n'est nullement partagé par le FFS qui dénonce ce type de décision qualifiée, par Karim Tabbou, premier secrétaire du parti, de “racolage électoral”. “Ce type de décision démontre que les autorités publiques ont mis en place tout un dispositif de milice qui oblige les citoyens à partir aux urnes. Ces élections n'ont aucune crédibilité”, déplore-t-il. Selon lui, cette décision n'est qu'une stratégie de fraude destinée à gonfler le taux de participation au suffrage qui ne suscite aucun intérêt au sein de la société algérienne. “Il n'y a pas d'amendements qui permettent ce type d'action. Nous ne sommes plus dans la logique d'infraction à la loi électorale mais dans un état de non-loi”, conclut-il. Nabila Afroun