Le secteur fait face aujourd'hui à de grands défis : la réduction de la dépendance technologique, l'internationalisation des activités et la diversification des actifs de Sonatrach ainsi que le développement des énergies renouvelables. L'Algérie célèbre aujourd'hui l'anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures. Le 24 février 1971, l'Algérie avait décidé de nationaliser les intérêts français pétroliers. Deux décennies plus tard, la loi de 86 amendée en 1991 allait ouvrir le marché algérien des hydrocarbures aux compagnies étrangères. Nous avons alors assisté à un rush des compagnies notamment américaines. 38 ans après cette date historique, quel bilan tirer de cette entreprise de récupération de ces ressources nationales ? D'abord l'ouverture du marché algérien aux compagnies étrangères n'a pas entraîné une perte de souveraineté sur les richesses nationales. Cette ouverture a permis la reconstitution des réserves de pétrole qui sont presque équivalentes à celles de 1971. Le partenariat avec les compagnies étrangères aura permis de financer les investissements des années 1990 et de réaliser des transferts de savoir-faire sans lesquels les réserves d'hydrocarbures du pays seraient beaucoup moins qu'elles ne le sont aujourd'hui. La production en association est estimée à 800 000 barils/jour, sur une production totale de 1,4 million de baril/jour. Mais la part des associés est évaluée à 30%. Ces acquis ont permis à Sonatrach de se redéployer à l'international à travers notamment l'acquisition de périmètres d'exploration d'hydrocarbures en Mauritanie, Egypte, Libye, et en Tunisie et l'entrée dans le capital de la compagnie portugaise EDP. Elle est, par ailleurs, dans des investissements hors hydrocarbures, de dessalement de l'eau de mer, de production d'aluminium de développement de gisements d'or, de fer, de cuivre… Avec les amendements introduits dans la dernière loi sur les hydrocarbures de 2006, l'Algérie aura consolidé son contrôle sur les ressources hydrocarbures, en maintenant la position dominante de Sonatrach sur le domaine minier national. La taxe sur les superprofits instituée par la même loi a freiné, quelque peu, la tendance à la hausse des rapatriements des devises par les sociétés étrangères. Il y a aussi la polémique sur la durée des réserves de pétrole et de gaz, en relation avec la dépendance très forte de notre pays aux recettes tirées des hydrocarbures. Des économistes avaient averti qu'en tenant compte des réserves prouvées et au rythme d'exploitation actuel, notre pays devrait connaître de sérieux problèmes d'approvisionnement énergétiques et de financements, à l'horizon 2030. La revue statistique de BP, une référence dans le monde, indique que la durée des réserves algériennes de pétrole s'est établie à fin 2007 à 16,8 ans. Les réserves de gaz s'élevaient à fin 2007 à 4 500 milliards de mètres cubes. Leur durée de vie est de 54,4 ans. Elles représentent 2,5% des réserves mondiales. Le ministre de l'Energie, lui, estime que le domaine minier national est sous-exploré. Le nombre de puits par 10 000 km2 est encore dérisoire par rapport à la moyenne internationale. Entre les craintes exprimées par les uns et les assurances avancées par les autres, le débat sur le rythme d'extraction et la valorisation du pétrole et du gaz polarise la scène politique et économique. Beaucoup estiment que l'accélération du rythme d'extraction du pétrole et du gaz, c'est en même temps l'accélération du rythme d'épuisement des réserves. Même si le potentiel pétrolier algérien est considéré comme important, il convient de prendre en considération la croissance de la population, les ambitieux projets d'investissement notamment pétrochimique, de dessalement de l'eau de mer, d'aluminium,… qui vont tirer vers le haut la consommation locale d'hydrocarbures. Il est évident que les besoins nationaux en énergie vont augmenter significativement. La solution réside dans la diversification des exportations et l'adoption d'un autre modèle énergétique, en développant l'énergie solaire. La part du secteur des hydrocarbures dans la production de la richesse nationale est passée de 33%, en 2002, à 55% en 2008. Le produit industriel à prix constant, en 2007, est quasi le même qu'en 1983. M. R.