Le chef de l'Etat avait tout l'air d'être déjà en campagne pour la présidentielle d'avril 2009. Durant plus d'une heure, il ne manquera pas, tour à tour, d'évoquer cette échéance et de faire son propre bilan. “Allez voter ! Aidez-nous et Dieu en sera témoin ! le troisième mandat, si vous voulez, vous... ! Votez librement. Je tiendrai mes promesses.” Le président Bouteflika, par cette phrase, fera lever comme un seul homme les présents à son meeting dans la salle omnisports d'Arzew, où la moitié des gradins était occupée par des travailleurs du secteur de l'énergie et des mines, notamment. En réaction, la foule scande : “Mazel, mazel, Bouteflika !” Dans les premières rangées occupées par la plupart des ministres, Belkhadem et Abou Djerra Soltani côte à côte, là aussi, on se lève. À cet instant, le Président abandonne pour un temps son discours préparé à l'avance et réagit aux cris d'encouragement et de soutien lancés par des travailleurs. Ces derniers brandissent des pancartes où l'on peut lire “Bouteflika candidat des travailleurs”. Lors de cette visite à Arzew, à l'occasion du 38e anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures et du 53e anniversaire de la création de l'UGTA, le chef de l'Etat avait tout l'air d'être déjà en campagne pour la présidentielle d'avril 2009. Durant plus d'une heure, il ne manquera pas, tour à tour, d'évoquer cette échéance et de faire son propre bilan de ses deux précédents mandats. Réagissant aux critiques de l'opposition quant aux 4 millions de signatures qui ont été recueillies pour sa candidature, le chef de l'Etat lâche : “ils parlent de 4 millions et je leur dis qu'à l'avenir il en sera mieux !” Une fois encore, les applaudissements couvrent sa voix rocailleuse, il les salue, posant sa main sur le cœur. Et de poursuivre sur la confiance du peuple par laquelle il est aujourd'hui candidat à un troisième mandat : “J'ai eu votre confiance pendant 10 ans, si vous le voulez, nous irons à un troisième mandat, mais votez !” Le sentiment général dans la société, que ces élections sont déjà acquises pour le chef de l'Etat, pousse apparemment celui-ci à encourager le vote, l'appréhension peut-être d'une abstention record. Reprenant le fil de son discours, Bouteflika se livrera à un long bilan chiffré des différentes réalisations durant les 10 ans passés à la tête de l'Etat, et d'évoquer les moyens colossaux des programmes successifs, soit près de 160 milliards de dollars engagés. À l'adresse des travailleurs, il leur rappellera le doublement du SNMG, la promulgation du statut particulier de la Fonction publique, etc. Puis, en “candidat”, le chef de l'Etat s'engage à augmenter le SNMG “très prochainement”, ainsi que l'indice du régime indemnitaire de la fonction publique. Il promet encore un autre programme de un million de logements et d'ajouter : “ceux qui disent que durant ces 5 ans nous n'avons pas réalisé un million de logements se trompent, car des gens malintentionnés se sont fait attribuer plusieurs logements, c'est qu'ils n'en avaient pas besoin.” Il évoquera encore les 190 milliards de dinars pour soutenir les prix du pain et du lait et d'annoncer que cette somme passera à 200. Parmi ses engagements électoraux pris lors de ce meeting d'Arzew, le président a évoqué la situation des entreprises publiques en promettant que l'Etat appuiera et aidera ces entreprises. “Nous sommes déterminés à poursuivre les efforts en direction de ces entreprises réellement productives, mais également le secteur privé.” Tirant une sorte de leçon de la crise financière mondiale, le chef de l'Etat ne manquera pas alors de rappeler aux tenants du libéralisme à outrance que cette crise, justement, “nous enseigne combien est dangereux l'amenuisement de la mission de contrôle et de régulation de l'Etat”. Le chef de l'Etat n'a pas oublié tous ceux qui se sont sacrifiés pour la défense de l'Etat et rappelant le rôle joué par les Patriotes. “nous allons réintégrer socialement et économiquement ceux qui ont combattu pour la défense de la République”, a-t-il déclaré. C'est là, pour les Patriotes, une réponse à leurs revendications puisque nombre d'entre eux se plaignent aujourd'hui de leur situation sociale déplorable avec ce sentiment d'être abandonnés par l'Etat. Le matin, avant son arrivée à la salle omnisports d'Arzew, le Président empruntera à pied le boulevard Mohamed-Fartas escomptant un bain de foule. Mais ce n'était pas la grande foule à Arzew pour cet accueil qui se voulait populaire. Des dizaines de bus, pourtant, avait été réquisitionnés pour ramener des jeunes, des enfants et des femmes. D'ailleurs, arrivé à mi-parcours de ce boulevard et, de façon brusque, le chef de l'Etat s'engouffrera d'un coup dans son véhicule et filera vers la salle omnisports. La précipitation avec laquelle le Président a mis fin au “bain de foule” surprendra même les ministres qui l'accompagnaient à tel point que Belkhadem, s'oubliant, restera encore plusieurs minutes à serrer des mains aux citoyens massés derrière des barrières. DJAMILA L.