En s'attribuant le sobriquet de “Loup blanc”, B. A., 62 ans, a toujours voulu épater son entourage et constituer un mystère, synonyme de rareté. Insaisissable, ce SDF éternel ne veut surtout pas laisser de traces bien que vivant avec plusieurs femmes qui ne se connaissent pas. La méfiance est pour lui une règle d'or. Sa spécialité, l'escroquerie dont la dernière affaire remonte au début de cette semaine au cours de laquelle les éléments de la PJ, relevant de la sûreté de daïra de Chéraga, l'ont cueilli grâce à la contribution des citoyens. Le mode opératoire de “Loup Blanc”, c'est le chèque scanné ne répondant à aucune domiciliation bancaire. Avec ses complices, une dizaine de malfaiteurs dont cinq sont en fuite, ils se présentent chez des fournisseurs ciblés et repérés à l'avance. Des micro-portables de marque, du matériel de bureautique, des compresseurs et autres appareils demandés sur le marché sont achetés chez les fournisseurs non avertis. Les opérations s'effectuent généralement le samedi pour une raison très simple : ne pas permettre aux vendeurs de vérifier auprès de la banque le chèque. Les malfaiteurs n'ont rien d'anormal. Bien habillés, une moyenne d'âge de près de cinquante ans et un look irréprochable sont une carte de visite dont on ne peut douter. Pour ce qui est du bon de commande, rien de plus facile qu'un en-tête d'entreprise fictive avec adresse et numéro de téléphone inexistants. L'enlèvement de la marchandise, méfiance oblige, se fait par des chauffeurs de taxi clandestins. Ces derniers ne soupçonnent aucune anomalie du moment qu'ils sont grassement payés pour chaque course effectuée. D'ailleurs l'un d'eux est un policier en retraite. Mais tant va la cruche à l'eau… C'est justement un de ces clandestins qui a attiré l'attention des policiers. L'alerte est donnée à tous les chauffeurs travaillant au noir. Les plaintes arrivent au fur et à mesure des escroqueries opérées dans plusieurs endroits. À Boumerdès, Birkhadem et à la périphérie algéroise. Le dernier coup à Chéraga. Les plaignants signalent de la même manière l'escroquerie. On remet le chèque le samedi matin et l'enlèvement à peine quelques heures après. Ayant douté de l'empressement apporté à l'enlèvement de la marchandise, ce fournisseur de Chéraga alerte la police non sans le concours du chauffeur de taxi clandestin qui indiquera l'adresse où le matériel devait être déchargé. Dès l'arrestation du premier malfaiteur le reste n'était, les numéros de téléphone contenus dans le portable aidant, qu'un jeu d'enfant. B. A., alias “Loup Blanc” est arrêté avec ses complices M. H., 44 ans, G. A., 51 ans, B. F., 54 ans, et H. M., 45 ans. L'enquête révélera que de grosses affaires sont à mettre à leur actif au nom de l'entreprise maghrébine dont aucun document ni adresse ne prouvent l'existence. Des milliers de couvertures, matelas, climatiseurs ont été enlevés de la même manière. Après les deux garde à vue réglementaire, les cinq malfaiteurs ont été présentés devant le procureur mardi qui les a écroués. Cinq autres membres de cette association de malfaiteurs sont activement recherchés. Pour le moment plus de vingt commerçants ont déposé une plainte contre ces malfaiteurs mais on pense que le nombre de victimes, au vu de la quantité des vols commis, pourrait atteindre une quarantaine. Il y a lieu de noter qu'une trentaine de micro-portables ont été récupérés par la police. ALI FARÈS